France

Total: «Passons de la résistance à la contre-offensive»

Communiqué Syndicats SUD-CHIMIE *

Nous publions ci-dessous un communiqué de SUD-Chimie. La lutte qui a commencé dans la raffinerie des Flandres, près de Dunkerque – un site qui emploie 620 salariés, dont 260 équivalents temps plein employés par des sous-traitants – s’est généralisé à tous les sites (six) Total, entre autres à Feyzin (Rhône), malgré les tentatives de la direction nationale de la CFDT. En date du 23 février 2010, les salariés d’ExxonMobil de Fos-sur-Mer dans les Bouches du Rhône ont engagé une grève de 24 heures. Cette grève est une grève de solidarité et, aussi, est «destinée à interpeller les pouvoirs publics sur l’activité du raffinage en France.» Ce mouvement s’inscrit dans un contexte d’ensemble d’attaque brutale aux emplois industriels. (Réd.)

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Le mouvement de grève se poursuit, s’intensifie et se généralise dans les raffineries et les dépôts. Vendredi 19 février 2010, la DRH (Directeur des ressources humaines) du raffinage est entrée en contact avec les délégués syndicaux du site de Dunkerque et les coordinateurs syndicaux au niveau du groupe pour «rechercher une sortie de conflit ».

Sud y était représenté par une seule personne, le Délégué syndical SUD-CHIMIE de la raffinerie des Flandres (SUD est majoritaire sur le site). Bien entendu, la Direction n’a surtout pas proposé que SUD, non représentatif au niveau du groupe, constitue une délégation plus large. Peu importe, les salariés grévistes sont parfaitement capables de juger l’engagement unitaire des militants SUD Chimie dans le conflit depuis le 17 Février 2010. SUD Chimie avait un mandat clair pour cette réunion, des demandes fortes et très précises.

Les salariés de la raffinerie des Flandres veulent connaître en détail le projet exact de la Direction, et demandent à cette dernière d’arrêter de jouer au monopoly avec les angoisses des salariés.

Dans cet esprit, la convocation d’un CCE (Comité central d’entreprise) extraordinaire, la première semaine de mars, demeure une demande non négociable. SUD rappelle que c’était déjà la demande de l’intersyndicale du 5 Février, chacun s’en souvient. Les salariés grévistes exigent que les travaux du Grand arrêt quinquennal (arrêt métal) [1] soient réalisés et que la raffinerie redémarre ses activités pour 5 ans, période pendant laquelle le mûrissement, la concertation et la concrétisation d’un éventuel projet industriel viable soient construits.
Enfin, plus globalement, SUD exige un programme d’investissement sur tous les sites permettant de les adapter aux futures conditions du marché et aux nouvelles contraintes environnementales sur un long terme.
Une annonce ferme qu’il n’y aura aucune fermeture ou cession de site dans l’avenir (5 ans).

Une table ronde locale portant sur les perspectives économiques du bassin Dunkerquois et une table ronde nationale sur l’avenir du raffinage en France (investissements pour pérenniser chaque site). Une réponse aux interrogations de la logistique (dépôt) sur leur statut futur et sur leur inquiétude en cas de cession d’activité par le repreneur (reprise des salariés par TOTAL)

Aujourd’hui, malgré l’avancée du CCE au 8 mars 2010, il reste encore plusieurs points à traiter et à éclaircir.

• Pas de réponse sur la réalisation des travaux de grands arrêts quinquennaux et bien sûr pas de réponse sur le redémarrage de la raffinerie des Flandres.

• Quelques promesses de vagues exposés généraux le 4 mars traitant de l’avenir du raffinage, un exposé traitant de la situation du raffinage européen le 18 mars ou encore des organisations de tables rondes locales et nationales (emploi sur Dunkerque, avenir du raffinage national ???)….
• Bref un gros baratin pour gagner du temps, ne pas faire d’annonces avant les élections régionales [14 et 21 mars 2010], essayer d’endormir et de diviser les syndicats et finalement au bout du compte espérer briser le mouvement.

Et bien, c’est le résultat exactement inverse qui se produit, la mobilisation non seulement se maintien, mais s’étend dans les dépôts et dans les raffineries du groupe ESSO en ce début de semaine. Les salariés ne sont pas idiots, ils ont bien compris qu’ils étaient (et allaient être) les victimes d’une destruction d’activités industrielles en France, activités délocalisées vers des pays à bas coûts de main-d'œuvre et peu regardant en terme de protection de l’environnement, tout cela pour répondre aux appétits de dividendes des actionnaires du groupe.

Ils ont pourtant été bien servis depuis 2000, les actionnaires de Total. La montant des dividendes qui leur a été versé était de 1.9 milliard d’euros en 2000, il est de 5.4 milliards d’euros en 2009. Pas mal, non, comme progression !

Les cadres dirigeants du groupe se sont bien sucrés aussi sur la même période. Le groupe a consacré entre 2000 et 2008, 30 Milliards d’euros à racheter ses propres actions, pour les détruire ensuite, et ainsi soutenir le cours. Cette pratique au nom « technique » de « buy-back » est des plus juteuse pour les détenteurs d’options d’action.

Alors, les salariés disent stop ! Ils n’accepteront pas du Groupe Total qu’il leur impose d’abandonner leur métier sans même savoir quel autre métier leur sera proposé, ni dans quelle région, ni avec quel statut, tout cela pour répondre aux appétits d’actionnaires déjà gavés.

Quant aux raisons conjoncturelles invoquées par le Groupe Total, qu’on ne s’y trompe pas ; la crise n’est pas la raison profonde du malaise. Si l’outil industriel ne répond pas aux besoins du marché, c’est bien le résultat d’investissements inadéquats depuis plusieurs dizaines d’années en France. Si les raffineries françaises, peu convertissantes, ne produisent pas assez de gazole, comme le marché automobile hexagonal le nécessiterait, c’est que les dirigeants du groupe étaient et sont soit incompétents, soit malintentionnées quant à l’activité industrielle sur notre territoire.

SUD appelle, au-delà même du raffinage français, au-delà du groupe TOTAL, à une mobilisation beaucoup plus vaste permettant la convergence des luttes de toutes celles et tous ceux qui n’ont rien fait de mal et qui sont victimes de la soi-disant crise.

Ne nous plions plus, passons de la résignation à la résistance et de la résistance à la contre-offensive.

1. Le maintien de cet arrêt est nécessaire pour la bonne exploitation de l’usine et la création d’un centre d’assistance technique, ainsi qu’un centre de formation.

* Ce communiqué a été rédigé par les Syndicats SUD-Chimie des Raffineries TOTAL de Normandie et Flandres.

(23 février 2010)


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