Europe Manifeste. Face à la Conférence Barcelone+10 Nous publions ci-dessous le manifeste adopté par plusieurs dizaines d'organisations, d'ONG, d'associations adopté dans l'Etat espagnol pour manifester contre la tenue de la Conférence Barcelone+10 et les projets impérialistes propres à l'accord euro-méditérannée. A ce propos nous renvoyons à la Brèche de novembre 2005, plus particulièrement l'article ayant trait à l'externalisation de la politique dite de «maîtrise des flux migratoires» par l'UE (Espace Schengen) Réd. Alors que se tiendra les 27 et 28 novembre prochain la Conférence «Barcelone+10» réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la Méditerranée pour donner un nouvel élan à l’activité du Partenariat euromediterranéen et poursuivre les objectifs contenus dans la «Déclaration de Barcelone» 10 ans après son lancement, nous constatons et dénonçons: - l’échec des objectifs fixés par la dite Déclaration de «créer une zone de sécurité et de prospérité partagée» et de faire de la Méditerranée «une aire de dialogue, d’échange et de coopération qui garantisse la paix, la stabilité et la prospérité» et «développe l’Etat de droit et le respect des droits humains; - sous couvert de bonnes intentions, les Etats européens qui font partie de l’Association euro méditerranéenne (AE) développent un processus de domination néocoloniale sur les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, par le biais de la création de Zones de Libre Echange euro méditerranéennes, l’application des recettes du Néolibéralisme (phase actuelle du capitalisme d’aujourd’hui) et du chantage de la Dette. L’Etat espagnol n’est pas seulement le promoteur, l’hôte et le modérateur de ce Sommet, il s’est conduit comme un pays impérialiste de 2e plan, favorisant les intérêts des multinationales comme Repsol dans l’exploitation du secteur énergétique algérien, appuyant les délocalisations d’entreprises et de services vers le Maroc et suivant sans hésiter les directives de l’Union européenne en matière d’immigration, etc. I La campagne unitaire «Non à une Méditerranée du capital et de la guerre, alternatives à Barcelone+10» accuse le Partenariat euromediterranéen et ses instruments économiques et financiers de promouvoir un projet néolibéral dans la région qui loin de favoriser le développement et la démocratie annoncés a contribué à: - provoquer un chômage massif et la précarité ; faire reculer les droits sociaux et démocratiques ; accroître la pauvreté et les inégalités, la faim et les maladies par le biais de graves atteintes aux systèmes de sécurité sociale, par la privatisation d’entreprises et de services publics ; faciliter les délocalisations ; mettre en œuvre des lois régressives en matière d’emploi et de droits sociaux et du travail. Cela a porté de dures atteintes aux conditions de vie et de travail des travailleurs, agriculteurs, jeunes et femmes et de toute la région méditerranéenne, et tout particulièrement dans les pays des rives Sud et Est de la Méditerranée. - bloquer le développement durable des pays du Sud et de l’Est méditerranéens, en pillant leurs ressources et leurs richesses, en utilisant une partie des fonds MEDA pour l’appui aux programmes d’ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque Mondiale, en utilisant de façon perverse les mécanismes générateurs de dette (FAD: fonds d’aide au développement et CESCE: Compagnie espagnole de garantie aux crédits à l’exportation), en acquérant à bas prix par les banques et les multinationales européennes des entreprises privatisées, en ouvrant l’agriculture à la voracité des multinationales de l’agro-industrie, ce qui a chassé des secteurs de la paysannerie de leurs terres et en modifiant dangereusement les équilibres écologiques de la zone. En résumé, la «prospérité» promise s’est traduite en désespoir pour des millions de jeunes chômeurs du Maghreb et du Machrek . - accroître l’instabilité en Méditerranée. Ne pas empêcher la participation des armées des pays de l’Association euro méditerranéenne à l’occupation de l’Irak. Continuer à protéger le rôle de gendarme joué par l’Etat d’Israël et tolérer dans la pratique l’occupation de la Palestine. Se taire devant la construction de murs contre les peuples palestinien et saharaoui et devant la répression des peuples sans états qui luttent pour leur droit à l’autogouvernement et à l’autodétermination, Amazigh, Kurdes, etc. Renforcer la militarisation de la région en maintenant les pays de l’AE dans le cadre de l’OTAN et en créant une force militaire impérialiste européenne. - soutenir les régimes répressifs, dictatoriaux et pseudo démocratiques de la région, depuis Mohamed VI jusqu’à Sharon en passant par El Assad, Mubarek, Ben Ali et Bouteflika (dont le gouvernement maintient l’Algérie en état de guerre). Développer une politique hypocrite en matière de droits humains: alors que les chefs d’état et de gouvernement de l’Union européenne exhortent publiquement ces régimes à «avancer dans la voie de la démocratie et à respecter les droits humains», dans la pratique ils exigent d’eux une répression sans faille contre les révoltes croissantes des ouvriers, des paysans et des étudiants, dans le Rif, les quartiers ouvriers de Casablanca et d’Alger, dans les universités de Rabat et du Caire, dans la vallée du Nil, mobilisés contre les effets sociaux du néolibéralisme, pour la justice, les libertés et les droits fondamentaux. Se taire devant l’oppression des femmes, victimes d’un système patriarcal et discriminées par les «Codes de la famille». - ériger de nouveaux murs et clôtures de barbelés, qui nient le droit à la libre circulation des personnes, accroissent l’insécurité, interdisent le dialogue et alimentent les haines. Les chefs de gouvernement d’une Europe plus «forteresse» que jamais, les Zapatero, Chirac et Berlusconi, ont besoin des sales besognes des dictateurs et des monarchies médiévales. La complicité des gouvernements espagnol et marocain face aux événements liés à «l’assaut» désespéré pour la survie donné par des milliers d’émigrants aux barbelés qui clôturent Ceuta et Melilla ne peut être niée. L’application du Traité Schengen est à ce prix, les noyades lors des traversées en pateras (embarcations misérables), les assassinats devant les clôtures, les déportations dans des conditions inhumaines. II Citoyen(ne)s, travailleur(se)s, jeunes et femmes, militants des organisations sociales, politiques et citoyennes de tous les pays riverains de la Méditerranée, nous nous retrouvons dans les résistances et les luttes contre le néolibéralisme, le patriarcat et la guerre, dans la solidarité avec les peuples occupés, dans la défense des droits humains, des femmes et des migrants. Nous avons développé un large dialogue au sein des réseaux, des différents forums, des assemblées de mouvements sociaux, pour qu’une Méditerranée de paix, libérée de l’exploitation et de l’oppression, prospère et solidaire devienne réalité. Et nous déclarons et exigeons: 1. la refondation du projet de coopération entre les pays et les peuples de la Méditerranée sur des bases justes, égalitaires, démocratiques et solidaires, après avoir constaté l’échec de l’Assemblée euro méditerranéenne. 2. la réalisation d’audits généraux et participatifs de la dette des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, afin de mettre en évidence son caractère illégitime. L’abolition de toutes les dettes illégitimes et impayables. La restitution à ces pays, par les puissances coloniales européennes, de la dette historique contractée lors de la période coloniale et de la dette écologique causée par le modèle d’exploitation imposé par les banques et les multinationales européennes 3. Le droit des peuples du Sud à la souveraineté sur leurs richesses, leurs matières premières et leurs aliments, la renationalisation sans indemnités des entreprises privatisées sous le chantage de la dette et la pression du FMI et de la Banque Mondiale. 4. La reconnaissance effective et garantie des droits sociaux (au travail, à la retraite, l’éducation, à la santé, etc.) à tous les citoyen(ne)s et tous les travailleur(ses) de la région méditerranéenne. Les Etats du Nord coopéreront avec ceux du Sud pour reconstruire ou développer les services publics démantelés parle pillage néolibéral. 5. La démilitarisation et dénucléarisation de la Méditerranée par le démantèlement des bases et de la flotte. Transformons les canons en tracteurs ! Les budgets militaires doivent servir à promouvoir de véritables Fonds de solidarité gérés démocratiquement. 6. Le retrait immédiat des troupes d’occupation de l’Irak. Pour une pression internationale qui mette fin à l’occupation. Pour la reconstruction de l’Irak. Exiger des forces occupantes l’indemnisation des dégâts causés par la guerre et la spoliation de ses richesses énergétiques et culturelles. Jugement des responsables de l’occupation de l’Irak pour crimes de guerre et génocide. 7. La fin de l’occupation de la Palestine et la démolition du mur. Retour des réfugiés palestiniens à leurs lieux d’origine. Annulation de l’accord préférentiel de l’UE avec l’Etat d’Israël. Jugement des responsables de l’Etat israélien pour crimes contre le peuple palestinien. 8. L’adoption de mesures effectives pour mettre fin aux régimes autoritaires et dictatoriaux de la Méditerranée. Poursuite contre les dictateurs et leurs complices pour les crimes commis contre leurs peuples. Blocage des comptes des dictateurs et restitution de leurs montants à leurs peuples respectifs. Fin des états d’exception et de guerre. Liberté pour les prisonniers politiques. Respect intégral des libertés et droits citoyens. Pour le droit des peuples sans état, amazigh, catalan, corse, kurde, sahraoui, à l’autodétermination et l’autogouvernement. 9. Le démantèlement de l’Europe «forteresse», des murs et clôtures aux frontières. Libre circulation des personnes. Abrogation des lois sur les étrangers et de toutes les lois qui favorisent le racisme et la xénophobie. Régularisation sans condition des sans papiers. 10. La mise en œuvre de mesures effectives qui fassent de l’égalité des sexes une réalité. L’abolition du patriarcat et des Codes de la famille. Pour appuyer ces revendications et obtenir «Une Méditerranée de paix, de pleins droits, sans néolibéralisme ni patriarcat», nous appelons à participer au meeting unitaire du samedi 26 novembre et à la journée de mobilisation du dimanche 27 à Barcelone. Campagne unitaire «Non à une Méditerranée du capital et de la guerre, alternatives à Barcelone+10». 60 Adhesions collectives pour ordre alphabétique: Àgora Nord-Sud, • Alerta Solidària, • ARA de Santa Coloma de Gramanet, • Assemblea de Comunicació de la UAB, • Assemblea d’Estudians de la UPF, • Assemblea per la Regulació Sense Condicions, • Assemblea Revolucionària d’Artés, • Assemblea Roja-Corriente Roja, • Associació de Veïns i Veïnes de l’Esquerra de l’Eixample • Ateneu Art i Cultura de l’Escala, • Ateneu Corberenc • Attac Catalunya, • Boicot Preventiu • Centre d’Estudis Joan Bardina , • Centro Social Atreu de A Corunha, • CO.BAS, • Col·lectiu A les Trinxeres, • Col·lectiu de Solidaritat amb la Rebel·lió Zapatista, • Col·lectiu Un altre món és possible de Sabadell, • Comitè Català de Solidaritat Internacionalista, • Comitè de Solidaritat amb els Pobles Indígenes d’Amèrica, • Commité pour l’Abolition de la Dette au Tiers Monde de Bèlgica, • Cornellà sense fronteres, • Dones per Dones, • Endavant-OSAN, • Entrepobles, • Els Verds-Esquerra Ecologista, • El Viejo Topo, • Espacio Alternativo, • Espai Jove de la CSC, • Esquerra Unida i Alternativa, • FTC, Federació de Treballador(e)s de Catalunya, • Iniciativa per Catalunya Verds, • IAC (Intersindical Alternativa de Catalunya), • ISA (Iniciativa Socialista de Izquierda), • JERC (Joventuts d'ERC) • Joves Comunistes, • Joves d’Esquerra Verda, • Kaosenlared, • La Fàbrica Roja • Mans Unides de Barcelona, • Marxa Mundial de Dones, • MDT (Moviment en Defensa de la Terra) • Maulets • Plataforma Aturem la Guerra, • Plataforma per l’Alliberament i la Sobirania de l’Iraq, • Plataforma de 9 Barris, Un altre món és possible, • Plataforma Horta-Carmel-Guinardó, • PSUCviu, • Partit Comunista del Poble de Catalunya, • RAI (Recursos d’Animació Intercultural) • Revolta Global, • Setem, • Servei Civil Internacional, • Xarxa Contra els Tancaments i la Precarietat, • Xarxa d’Enllaç amb Palestina, • Xarxa de Mobilització Global, • Xarxa de l’Observatori del Deute, • Vallirana per la Pau, • Waslala de l’Hospitalet de Llobregat (Actualisé le 23 de novembre 2005) * Association qui inclut les 15 pays de l’Union européenne et 12 pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée. A l'encontre, case postale 120, 1000 Lausanne 20 Soutien: ccp 10-25669-5 |
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