Egypte

Changements au sommet et mobilisation populaire à un tournant

Rédaction

Après la manifestation du vendredi 4 février 2011, qui fut massive, l’opposition populaire au régime et à Moubarak a continué. Ce samedi est le 12e jour d’un calme soulèvement populaire contre le pouvoir de Moubarak. Selon diverses sources, quelque 10'000 personnes étaient présentes sur la place Tahrir. Des manifestations ont continué à Suez.

Toutefois, il apparaît que l’armée, tout en assurant « la sécurité de la place », cherche à isoler les manifestant·e·s et à créer une situation où puisse recommencer un trafic normal sur le point du Six-Octobre. L’objectif de l’armée, colonne vertébrale du régime, consiste à revenir à une situation dite normale.

Le général Hassan el-Rawani, le chef du commandement central de l’armée, est venu sur la place Tahrir et a demandé aux manifestants de la quitter. Ces derniers ont répondu en lançant le slogan : « Nous ne quittons pas, il [doit] quitter ». Ils ont lancé l’idée de la « journée des martyrs » afin de rendre hommage à tous ceux qui ont trouvé la mort dans ce soulèvement contre le régime. Les coptes ont appelé à une manifestation de masse dimanche sur la place Tahrir.

Les manœuvres de l’armée montrent une volonté d’isoler les manifestants, entre autres en prenant des mesures en direction du Musée national.

Ce samedi 5 février, le bureau exécutif du Parti national démocratique a démissionné. Pour rappel, parmi ses principaux dirigeants figurait Gamal Moubarak, le fils du président, qui était secrétaire de la commission politique. Le départ de Gamal répond à une des revendications de la population mobilisée. Le secrétaire général du parti, Safwat al-Chérif, a aussi été écarté. Il était l’un des hommes de main de Moubarak. Les changements à la tête du parti, entre autres le rôle attribué au dit réformiste Hossam Badraoui, indiquent la voie choisie par le vice-président et général Omar Souleimane : le début d’une transition étroitement contrôlée. Cela s’accompagnant de l’ouverture vers divers partis, que ce soit le Wafd, dont l’influence est limitée, ou le Tagammou, un parti dit de gauche qui a un statut légal et qui dispose de cinq députés au parlement. Ce parti se réfère à la tradition de Nasser. Le parti communiste est fondamentalement lié à cette formation.

La situation est fluide et dépendra des initiatives prises par diverses forces, qui ne sont pas à proprement parler des partis politiques, telles que le mouvement des jeunes du 6 avril, qui a son origine dans le soutien au mouvement de grève des travailleurs du 6 avril 2008.

(5 février 2011)


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