« Les espaces de résistance sont nécessaires à la santé »*
L’aménagement ergonomique de la place de travail pour lutter contre les maladies liées au travail à l’écran a généralement pour but d’augmenter la productivité du travail.Un•e employé•e travaillant avec un clavier et une souris est soumis a de nombreuses contraintes physiques. Elles touchent la partie haute du corps : les poignets, les coudes, les épaules, la colonne vertébrale. Bien sûr, une fatigue visuelle découle des heures durant lesquelles nous avons les yeux rivés sur l’écran.
Pour résoudre ces « problèmes » – dans la mesure où ils sont surtout dommageables pour la productivité et pas seulement pour la santé – « on » vous conseille de faire des pauses, toutes les deux heures, de 5 à 10 minutes.
« On » demande, de même, aux salarié·e·s d’être à l’écoute de leurs douleurs et de corriger leur posture pour éviter que ces maux ne deviennent aigus.
Pour la fatigue visuelle « on » vous conseillera un environnement lumineux et de choisir un meilleur écran, à cristaux liquides de préférence. Si quelqu’un est contraint de rester devant son écran, « on » lui conseille d’alterner sa vision entre le proche et le plus lointain. Vous aurez compris que le « on » possède un nom et un prénom : c’est un membre bien intentionné de la hiérarchie.
Mais toutes ces postures – qui ne peuvent être négligées pour la santé, au sens étroit du terme – ont une contrepartie qui n’est pas prise en compte. Elles visent – de fait ou consciemment – à diminuer l’espace de liberté nécessaire a une bonne santé psychique.
Les mesures améliorant la santé au travail ne peuvent pas se limiter à une vision ne prenant en compte que les gains de productivité. Elles doivent intégrer le bien-être des salarié·e·s dans leur totalité, dans les rapports entre eux et avec l’objet de leur travail.
Les espaces de résistance font partie des conditions d’une santé physique et psychique. Sans cela, dans le futur, l’augmentation des maladies psychiques deviendra la règle. A l’instar des méfaits possibles des jeux vidéo que nous découvrons aujourd’hui. Le principe de précaution si important (selon les proclamations officielles) dans l’alimentation doit également s’appliquer dans le travail. Les événements récents chez Renault où des cadres se sont suicidé (site de Guyancourt en France) doivent nous faire prendre conscience où mène la « souffrance au travail ».
*Témoignage d’un mécano-électronicien travaillant dans une entreprise « de pointe »
(23 mai 2007)
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