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Etat des lieux

La lutte des travailleurs des Officine de Bellinzone a éclaté il y a plus d’un an. Jusqu’à aujourd’hui elle a été victorieuse grâce à la combativité et à l’intelligence des salariés et à la solidarité de la population tessinoise. Depuis quelque temps cette lutte ne fait plus la une des journaux. Et pourtant, les travailleurs n’ont pas baissé la garde, car ils savent que la vigilance et la combativité sont les seules armes dont ils disposent pour défendre les résultats obtenus dans la durée. Pour faire le point de la situation, La brèche s’est entretenue le 15 avril 2009 avec Matteo Pronzini, le secrétaire d’Unia chargé du soutien que ce syndicat accorde aux travailleurs.

La brèche: Le 28 novembre dernier les ouvriers ont obtenu l’assurance écrite des instances dirigeantes des CFF que leur outil de travail serait maintenu jusqu’en 2013. En contrepartie, ils ont accepté le transfert des Officine au sein de l’entreprise, de la section transport des marchandises à la section transport des personnes. Depuis lors, comment la situation a-t-elle évolué ?

Matteo Pronzini: Les garanties obtenues le 28 novembre constituent un acquis essentiel. Mais la direction des CFF est en train de mettre en place une stratégie pour l’ensemble des ateliers d’entretien, stratégie qui peut être résumée en deux points: attribution du travail d’entretien garanti des CFF (locomotives, wagons pour voyageurs) aux ateliers d’Yverdon, d’Olten et de Zurich-Altstetten, travail sur mandat de tiers pour les ateliers de Bienne et de Bellinzone. Si ce projet passe, les Officine seraient exposées de plein fouet aux pressions du marché. De plus, les ouvriers de Bellinzone veulent continuer de s’occuper du matériel roulant de CFF Cargo, comme ils l’ont toujours fait, mais l’avenir de CFF Cargo est incertain et le trafic des marchandises connaît des baisses, suite à la crise. Cette situation est grosse de nouvelles tensions.

Lors de la séance de la Table ronde du 13 mars, il n’y a pas eu de nouvelles avancées, mais les ouvriers ont obtenu le maintien de la Table ronde elle-même. Au contraire de la voie hiérarchique normale, elle permet en effet une discussion directe entre les salariés des Officine et la direction générale des CFF, ce qui est utile pour la défense des acquis du mouvement. La direction des CFF voulait la supprimer, mais Franz Steinegger, le président de la Table ronde, a arbitré – sur ce point – en faveur des salarié·e·s.

Est-ce que ce projet stratégique explique l’attitude actuelle de la partie employeur, qui focalise les discussions paritaires au niveau local avec le comité de grève et Unia sur les questions d’optimisation des processus de production et d’augmentation de la productivité ?

Dans les faits, les discussions paritaires sérieuses ont à peine débuté au niveau des Officine, et cela pour une raison simple: le nouvel encadrement mis en place suite à la grève n’a pas encore réussi à prendre en main la direction des opérations. Du côté des travailleurs par contre, la capacité de défense collective est intacte. Le comité de grève continue d’organiser des assemblées pour intégrer les travailleurs à la défense syndicale en cours. La fête organisée le 7 mars dernier, un an après le déclenchement de la grève, a montré que la population locale est toujours solidaire.

Quelles sont à l’heure actuelle les principales préoccupations des salariés au sein des Officine ?

Leur premier objectif est la régularisation des temporaires. 100 ouvriers sur un total de 400 ont actuellement ce statut précaire tout en travaillant de façon régulière, pour la plupart depuis des années. Côté travailleurs on sait que le statut de temporaires est le talon d’Achille du collectif qui s’était construit durant les années précédentes et qui s’est renforcé durant la grève. Des négociations sont en cours, mais la direction tient à un volant de travailleurs temporaires facile à faire disparaître en cas de baisse des commandes. Les travailleurs ne lâchent pas prise.

Un deuxième objectif concerne l’abaissement de la moyenne d’âge du personnel de production par l’engagement et la formation de jeunes. Une entrée en matière de la direction sur cette revendication constituerait une preuve concrète qu’elle est sérieuse en affirmant vouloir assurer la pérennité de l’établissement en le dotant d’un projet industriel.

Pour finir on se prépare au renouvellement de la convention collective nationale, qui arrive à échéance fin 2010. Elle est signée, du côté syndical, par le SEV (Syndicat du personnel des transports, USS) et Transfair (syndicat «chrétien» des employé·e·es des transports publics, de l’administration publique, de la poste/logistique, des télécommunications et des services). La majorité des ouvriers des Officine sont membres d’Unia. Au début du mois de mars ils ont adopté en assemblée une résolution demandant la convocation d’une assemblée générale des collaborateurs des CFF pour permettre à tous les travailleurs concernés de définir les revendications à avancer et les mesures de contrôle de la base sur le déroulement des négociations de façon indépendante par rapport à l’affiliation syndicale.

(27 juillet 2009)

 
         
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