Les
postiers n'attendront pas le 20 avril
Nous
reproduisons ci-dessous un texte du Collectifs des postiers et des postières
contre le REMAniement de La Poste.
Il
s'inscrit dans la continuité du document que nous avons précédemment reproduit
sur ce site.
De
fait, ce texte indique l'avancée d'une réflexion de la part
de nombreux postiers sur la nécessité de définir une
riposte syndicale à partir d'un vrai dialogue parmi les postiers et
dans leur syndicat, le Syndicat de la Communication . réd
Collectif
des postiers et postières
contre le REMAniement de La Poste
Nous
nous réunissons le jeudi 11 mars à 17 h,
Salle des Vignerons, Buffet de la Gare, Lausanne
Les
postiers n'attendront pas le 20 avril
Pour
reprendre une formule de notre syndicat, le Syndicat de la Communication,
il y a longtemps que La Poste "sème le vent". Par contre,
elle n'a pas encore "récolté la tempête". Autrement
dit, elle n'a pas encore recueilli notre véritable rogne.
Une
"pause de protestation" devrait bien s'organiser
N'importe
quelle tournée d'un postier est bien préparée et bien
organisée. Même si cela, à cause de la direction, est
aujourd'hui un peu plus approximatif.
Dès
lors, n'importe quelle "pause de protestation" des postiers devrait
être préparée avec autant de soin.
Nous
qui avons participé, le 27 février, "à la pause
de protestation", à Lausanne, nous connaissons le fosséqui
existe entrela rogne, la colère, le mécontentement
dans nos rangs et l'actionfaite ce vendredi-là.
Certes,
cette "pause de protestation", il fallait la faire. Mais il fallait
mieux l'annoncer à tout le personnel; mieux l'expliquer.
Or,
quasiment rien n'a été fait... avant le jour précédent.
Il faut que cela change.
Et
c'est simple. Par exemple, il aurait fallu discuter, une ou deux semaines
avant, "la pause de protestation", comment la rendre plus visible.
En effet, notre protestation partagée par le gros de la population.
Dans des dizaines de quartiers de villes et dans des villages, des pétitions
circulent contre la suppression de bureaux de poste, contre la modification
des horaires qui rend leur utilisation de plus en plus difficile pour l'ensemble
des salarié·e·s.
Du
27 février, il faut tirer des leçons pour l'avenir. Car autrement
le risque est grand que de plus en plus de collègues disent: "
Ce genre de truc ne sert à rien."
Ulrich
Gygi passe La Poste au polish... pour la faire briller aux yeux des futurs
investisseurs privés
La
demi-finale de la Coupe de La Poste Suisse pour nos emplois et pour de vrais
services publics va se jouer sous peu. Pour nous, ce sera la finale de la
Coupe... est pleine.
Quelles
sont les vraies intentions de la direction de La Poste? La droite a mis
dans les mains d'un membre du Parti socialiste (PS), Ulrich Gygi, l'avenir
de La Poste. Il a donc dans ses mains le présent et le futur de nos
conditions de travail, de nos emplois, de nos salaires, de nos retraites.
Cette
droite utilise Gygi pour essayer de mieux nous faire avaler la couleuvre:
la future ordonnance du Conseil fédéral sur La Poste. Même
Christiane Brunner reconnaît ce rôle d Gygi dans la presse.
Ce
n'est pas depuis aujourd'hui que la direction de La Poste propage la grêle.
Depuis des années, elle a mis sous pression des collègues pour
les pousser à prendre une préretraite; pourtant, elle savait
que le niveau des rentes était loin d'être vraiment assuré
et que les rentes AVS allaient reculer en termes de pouvoir d'achat.
La
direction a aussi incité au départ quelque 300 buralistes, en
leur "offrant" huit mois de salaire. Le but était triple:
fermer des bureaux; rendre ainsi l'ensemble de La Poste plus attractive, demain,
pour des investisseurs privés; affaiblir l'idée dans la population
qu'il est juste et démocratique de disposer d'un service vraiment public,
dans toutes les régions du pays.
A
cela se sont ajoutées, depuis 1998, de nombreuses "réorganisations".
Leurs effets sont connus par chacun et chacune d'entre nous:
a)
incertitude permanente sur comment notre travail sera organisé dans
les mois à venir;
b)
tensions accrues dans le travail quotidien avec une ambiance de plus en plus
détestable (cela pour mieux nous diviser, pour que l'on cherche des
boucs émissaires, sans voir le projet d'ensemble du Conseil fédéral);
c)
faire de chaque secteur un centre de profit afin que les futurs investisseurs
puissent être certains des bénéfices qu'ils retireront...
de notre travail, qui sera de plus en plus dur.
Cette
politique a aussi un effet sur les usagers. Ils commencent à manifester
leur mécontentement. La direction voudrait faire croire que, en partie,
"nous faisons mal notre travail". Ce n'est pas un hasard si Ulrich
Gygi doit déclarer au quotidien Le Matin (2 mars 2004): "L'attente
au guichet sera réduite."
Et
quelle est sa solution miracle? "Mobiliser plus de personnel aux heures
d'affluence... ou signifier à la clientèle quelles sont les
périodes de la journée où les temps d'attente sont réduits."
Gygi
nous prend et prend les usagers pour des idiots. Les usagers connaissent déjà
les heures et les jours d'affluence. Et pour un salarié, quand un bureau
de quartier est ouvert de 8h à 10h et de 15h à 18h, il
n'est pas difficile de savoir qu'il devra s'absenter "de façon
justifiée" pour aller à la poste. Quant aux employés
de La Poste, être "mobilisés"plus à une
heure et moins à une autre, c'est être plus flexibles. On devra
changer de bureaux; des tournées seront supprimées; du temps
partiel moins bien payé sera introduit. Le but est clair: désécuriser
et déstabiliser tout le monde. Nous devrions être des sortes
d'accordéons dans les mains blanches d'un Ulrich Gygi rose.
Mais
ce qu'obtiendront le Conseil fédéral et la direction de La Poste
dépendra de notre décision et de notre capacité de riPOSTER,
tous ensemble, postiers et usagers.
La
prochaine fois: tous ensemble pour mieux riPOSTER
Nous
devons établir une jonction avec les usagers. Par exemple, à
Lausanne, pourquoi, le 27 février, ne pas être sortis dans la
rue de 11h30 à 12h30, lorsque nos collègues salarié·e·s
se déplacent en plus grand nombre dans la ville?
Pourquoi
nous être quasiment cachés sur une place devant le Centre courrier,
là où se trouve le parking pour les cadres de La Poste?
Pourquoi
ne pas être allés - comme l'ont fait souvent les employés
de la fonction publique et même des étudiants et des écoliers
- sur la route, au croisement de l'avenue d'Ouchy et de l'avenue de la Gare?
Nous aurions été soutenus par tous et toutes, y compris par
une grande partie des automobilistes.
Oui
à nos droits, non à l'intimidation
Les
directeurs d'école n'ont pas menacé les écoliers, les
collégiens lorsqu'ils manifestaient pour la paix en 2003. Pour quelles
raisons la direction de La Poste de Lausanne se permet-elle de nous menacer
aujourd'hui? Dans un communiqué, la direction du Centre courrier Lausanne
ose écrire: "Toute absence injustifiée du lieu de travail
serait considérée comme refus de travailler et comme manquement
au contrat de travail. Dès lors, toute période de travail non
effectuée ne serait pas payée."
La
direction veut nous intimider. Et pourquoi? Parce qu'elle connaît l'ampleur
et la gravité des atteintes futures à nos conditions de travail,
à nos salaires, etc.
C''est
d'ailleurs pour cette raison, entre autres, que nous revendiquons le droit
constitutionnel d'activités syndicales libres.
Les
professeurs de droit constitutionnel suisse - Andreas Auer, Giorgio Malinverni
et Michel Hottelier, de l'Université de Genève - écrivent:
"L'interdiction de la grève doit se justifier par un motif
d'ordre public"(Droit constitutionnel suisse, vol. 2, p. 730)
Quel motif d'ordre public existerait-il qui justifierait cette menace? Aucun.
La direction du Centre courrier Lausanne le sait. Mais elle veut nous impressionner.
Pourtant,
dans le même communiqué, elle affirme que "La Poste est
ouverte à un dialogue". Quel dialogue est possible si, avant
de discuter, directement, on intimide l'interlocuteur? Un dialogue unilatéral
n'existe pas. Un dialogue sans récolter l'opinion de tous et toutes,
démocratiquement, n'existe pas. Comme n'existerait pas La Poste sans
notre travail quotidien. La direction qui parle de "modernisation"
devrait se moderniser sur une telle question.
Nous,
nous sommes prêts à utiliser notre droit démocratique:
la liberté d'activités syndicales qui nous est constitutionnellement
garantie. Cette liberté nous sert à discuter, à nous
réunir et à agir si nécessaire. Et nous sommes convaincus
qu'il sera nécessaire d'agir.
Oui
à la démocratie syndicale, non à la loterie à
numéros
Toutes
et tous les collègues veulent une démocratie où le dialogue
et l'information passent d'aborddans nos rangs.
La
raison en est évidente: réfléchir et discuter ensemble,
c'est pouvoir mieux agir ensemble.
Et
cela ne peut pas se faire avec les méthodes utilisées par un
institut de sondage qui envoie un questionnaire, avec 22 questions, au personnel
("Questionnaire concernant le renouvellement de la CCT dans le secteur
poste").
Nous
sommes capables de faire plus que de cocher un questionnaire, comme dans la
loterie à numéros. Lorsque la direction veut planter des croix
sur nos postes de travail, nous n'allons pas nous contenter de dessiner des
petites croix sur un questionnaire distribué le 27 février et
qui devait être rendu le 29 février!
Deux
assemblées importantes, celle du 6 mars et celle à fixer fin
mars
C'est
pour discuter de tout cela, entre nous, tous ensemble; c'est pour écouter
les différents points de vue dans le respect mutuel que le Collectif
des postiers et postières contre le REMAniment de La Poste:
-
vous demande de participer à l'assemblée généraleconvoquée
par le Syndicat de la Communication, samedi 6 mars, salle des Cantons,
Buffet de la Gare, Lausanne, à 14 heures;
-
et propose que cette assemblée prenne une décision ferme, démocratique:
réunir tout le personnel, syndiqué et non syndiqué,
au plus tard fin mars.
En
effet, il ne s'agit pas d'attendre les diktats de la direction, ou qu'un communiqué
d'Ulrich Gygi tombe le 20 avril. Nous nous refusons à être les
postiers de la 25e heure.
Notre
droit et notre devoir - envers nous, envers tous les collègues, envers
les usagers - consiste à préciser collectivementce qui
n'est pas négociable avec une direction qui n'a plus d'autorité
morale: notre emploi, notre salaire, nos conditions de travail, notre retraite.
Ce
sont les seuls vrais points importants d'une future convention collective.
Tout le reste n'est que promesses et carottes promenées devant notre
nez. La couleur de cette carotte, nous la connaissons depuis longtemps. Son
goût, nous n'avons aucune intention de le connaître.
(3
mars 2004)
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