NON au dumping salarial et social
 
 

Pas de chantage antidémocratique !
Une alternative existe, un « plan B »

«Un NON, le 25 septembre, déboucherait sur une catastrophe économique. Le chômage grimperait fortement». Ce thème-slogan sera martelé par le « monde de l’économie » et ceux qui le suivent.

Pas de doute que les marchés de l’UE à 25 sont très importants pour les maîtres de la Suisse SA. De plus, les firmes helvétiques ont là un champ d’investissements directs rentables (filiales). Elles veulent y développer leur présence. Les firmes industrielles et de services suisses sont, proportionnellement, les premiers investisseurs au sein de l’UE !

Elles tiennent aussi à tirer avantage des possibilités d’importations à moindre prix de ces pays, d’autant plus qu’elles y font sous-traiter diverses productions. Enfin, elles y trouvent, selon leurs termes : « un réservoir de main-d'œuvre » pour leurs activités en Suisse.

• Posons dès lors une simple question : si l’enjeu économique est aussi important pour les firmes suisses – et il l’est – pourquoi le patronat helvétique n’a-t-il pas accepté de la part des syndicats des revendications élémentaires ?

Par exemple : 1° des conventions collectives (CCT) déclarées de force obligatoire (ayant force de loi) sur seule demande du syndicat ; elles garantissent des salaires et des conditions de travail minimums ; moins d’un tiers des salarié·e·s en disposent en Suisse ; 2° là où n’existe pas de CCT – c’est-à-dire pour la majorité des cas – un contrat-type de travail, avec des salaires minimums et des horaires maximaux ; 3° une protection sérieuse contre les licenciements. Voilà trois mesures préventives contre des « abus », nombreux.

• Les employeurs ont refusé. La raison en est simple. Pour eux, le salaire doit dépendre de la prétendue « loi de l’offre et de la demande » sur le marché du travail. Tous les « règlements » faussent cette libre concurrence ! Hasler ne fait pas un faux pas lorsqu’il affirme, comme directeur de l’Union patronale : un salaire dans l’agriculture à 900 francs par mois « ce n’est pas du dumping, c’est tout simplement le niveau actuel des salaires » (Vie économique, N° 3, 2004, p. 20).

Les employeurs veulent donc le beurre : les gains liés aux accords bilatéraux avec l’UE à 25. Et l’argent du beurre : les bénéfices accrus dégagés par une pression sur les salaires et sur le temps de travail de la très large majorité des salarié·e·s suisses comme immigrés, à qui ils refusent des droits élémentaires.

• « Les peuples… doivent pouvoir se prononcer sans chantage », écrivait l’éditorialiste du Temps (27.5.05) lors du vote en France sur la Constitution de l’UE. Ici, avant le 25 septembre, le chantage est devenu la norme : « c’est OUI ou la catastrophe ». Pas de choix. Les premiers intéressés, les salarié·e·s, vont-ils accepter ce genre de menace antidémocratique ? Non, car la méthode est inacceptable. De plus, un plan B existe, une alternative est possible.

Un NON, en Suisse, obligera d’édicter des mesures d’accompagnement renforcées qui assurent les droits de tous les salarié·e·s, suisses comme immigrés. Elles auront leur soutien et ils feront entendre leur voix. Les patrons, qui tiennent tant aux bilatérales, devront entrer en matière.

Dans l’UE, beaucoup de choses se renégocient aujourd’hui. L’UE laissera à la Suisse un délai pour un nouvel accord sur la libre circulation. Et cela sans liquider les autres bilatérales, car les intérêts mutuels sont grands. D’ailleurs, une période transitoire est de toute manière prévue jusqu’en avril 2011.

L’USS ne manque pas d’affirmer : « Si l’application des mesures d’accompagnement n’est pas satisfaisante, on lancera un référendum en 2009 » !

Ne remettons pas à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui : votons NON le 25 septembre.


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Pas d’abus ?

Neuchâtel: «Une entreprise de l’industrie textile versait des salaires particulièrement bas. La commission [tripartite patrons-syndicat-Etat] est arrivée à la conclusion qu’il n’y avait pas de sous-enchère salariale abusive et répétée étant donné qu’aucun élément ne permettait d’établir que l’introduction de la libre circulation des personnes avait conduit à une baisse des salaires et qu’il n’était pas possible d’établir le salaire usuel dans la branche.» (Rapport du Seco sur les mesures d’accompagnement, p. 20)

Voilà une démonstration du vide des promesses officielles de lutte contre la sous-enchère salariale. Après le 25 septembre, si le OUI l’emporte, ce sera pire…


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Pour 10 francs !

«Depuis juin 2004, les sociétés de travail temporaire suisses font recruter de la main-d’œuvre bon marché par des agents étrangers et la louent à des employeurs suisses, souvent pour des salaires bien inférieurs aux standards locaux ou aux dispositions conventionnelles.

Les personnes en question sont parfois placées directement auprès des sociétés de travail temporaire suisses par les offices de placement allemands. Certaines entreprises contrôlées employaient ces intérimaires pour un salaire horaire de moins de 10 francs suisses!»

Hans Baumann,
syndicat Unia, 25.4.05


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Bâtir une digue contre la baisse des salaires
«Pas un salaire en dessous de 4000 francs par mois» *

Peter Hasler, directeur de l’Union patronale suisse, s’oppose à des salaires minimums généralisés par branche et par qualification. Parce que de tels salaires minimums doivent empêcher la spirale à la baisse des salaires.

Au nom de qui Hasler parle-t-il? De ceux pour lesquels il n’y a pas de salaire maximum! Un maître boulanger qui gagne 5306 francs brut par mois (et travaille de nuit) devrait faire cuire du pain durant 238 années pour obtenir le salaire annuel du patron de la grande firme alimentaire Nestlé: Peter Brabeck (16,4 millions) !

L’inégalité est si criante que des fonctionnaires du patronat ont dû lâcher la formule: «Ces salaires sont un peu exagérés.» Ces déclarations ne coûtent rien. Surtout, elles ne changent rien.

Par contre, les prédictions officielles sur des baisses de salaire se multiplient. Femmes et immigré·e·s sont nombreux à travailler dans les secteurs les plus concernés. Souvent, les accidents et maladies professionnelles y sont aussi plus répandus. Mais les victimes de ces conditions de travail sont qualifiées de «simulateurs» par les partisans de Blocher. Ce qui arrange le Conseil fédéral qui veut «réformer» l’AI (assurance invalidité).

Des jobs à 1000 francs sont proposés par la Ville de Zurich. Le patronat y est favorable.L’assistance sociale fournira un complément. Ainsi, une nouvelle référence salariale pour des «petits boulots» entrera dans les têtes.

De 1993 à 2003, les salaires réels ont stagné ou reculé, d’autant plus si l’on tient compte des hausses des loyers, des primes d’assurance et des cotisations aux caisses de pension (2e pilier).

En Suisse, la moitié des ménages ont un revenu disponible mensuel (après impôts, cotisations sociales…) inférieur à 3737 francs. La sous-enchère salariale s’exerce et s’accentuera sur une majorité des ménages.

Comme le décrit l’USS, les salaires sont de plus en plus individualisés, que ce soit pour leur fixation comme pour la compensation du renchérissement. C’est l’idéal pour le patronat afin d’organiser «la bataille de tous contre tous». Il ne s’en prive pas.

Les mesures d’accompagnement proposées par le Conseil fédéral doivent être jugées dans ce contexte. Or, elles ne prévoient pas une protection, pourtant indispensable: la fixation généralisée de salaires minimums, par branche et qualification professionnelle. Cela est nécessaire pour tirer vers le haut le revenu de celle ou celui qui viendra de l’est de l’Allemagne, par exemple. Cela est indispensable pour celles et ceux, de toutes nationalités, qui travaillent déjà en Suisse.

Le principe «à travail égal, salaire égal» a été à l’origine des conventions collectives qui fixent un tarif minimum valable pour tous et toutes. Il est plus fondamental que jamais. L’affaiblissement d’une partie du salariat n’a jamais renforcé une autre partie.

Sans de telles protections, des salarié·e·s iront voir vers la droite nationaliste et xénophobe.

* Paul Rechsteiner, président de l’USS.

Un maître boulanger qui gagne 5306 francs brut par mois (et travaille de nuit) devrait faire cuire du pain durant 238 années pour obtenir le salaire annuel du patron de la grande firme alimentaire Nestlé: Peter Brabeck (16,4 millions) !

 
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