Suisse

 

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Intervention de Nicolas Wuillemin
lors de la journée de solidarité avec les travailleuses et travailleurs de la Boillat le 10 juin 2006 à Reconvillier

 

Chers collègues, chers amis,

Lorsque nous nous sommes remis en grève, le 25 janvier dernier, aurions-nous pu un seul instant imaginer, qu’aujourd’hui, 137 jours après, nous en serions toujours à mener un tel combat, à être toujours engagés dans une lutte aussi longue. Et la direction de Swissmetal, je n’imagine pas non plus.

Car notre lutte n’est pas terminée. Et notre grève pour le moment n’est que suspendue, parce que nous sommes toujours en médiation; elle pourrait bien continuer si telle était la volonté des ouvrières et ouvriers de la Boillat.

Aujourd’hui, après bientôt 5 mois depuis le début de la reprise de notre conflit qui nous oppose à notre direction, nous n’avons toujours rien obtenu de nos revendications. Ni les jours de grève, ni la médiation, ni le formidable soutien de vous tous, ne nous ont, à ce jour, permis d’entrevoir une solution pour la résolution de ce dernier.

Je tiens à témoigner, aujourd’hui, de l’extraordinaire et exemplaire engagement du personnel de la Boillat pour notre juste combat. Votre appui inconditionnel et votre adhésion à notre cause nous engagent et nous encouragent à continuer cette lutte. Nous devons tous ensemble, malgré la fatigue, la lassitude, l’incertitude, le sentiment d’un avenir sans espoir, continuer à nous battre dans la même unité et la même solidarité, car notre lutte – loin s’en faut – n’est pas encore perdue.

A ce jour, la situation de Swissmetal est très préoccupante. L’orgueil et l’intransigeance de son CEO, la totale incompétence en matière industrielle de la direction et du conseil d’administration ont amené le groupe au bord du gouffre. La nécessité de le refinancer [recapitalisation qui vient d’être annoncée] en est la preuve. Le CEO et le conseil d’administration travaillent toujours à la fermeture de notre entreprise. La façon dont a été organisée la reprise du travail ne laisse plus planer aucun doute à ce sujet. Dans ce contexte, s’est affirmée notre formidable volonté de résistance et notre refus de faire la moindre concession à la politique de démantèlement.

Par la volonté de ces personnes et l’incompétence de l’encadrement que ces dernières ont mis en place, la Boillat est aujourd’hui à l’agonie et n’offre plus aucune perspective de survie. Toutes les décisions prises actuellement sur le site contribuent à la mort certaine de ce site de production: le manque de matière première; la non-remise en marche des principales installations de production –  fonderie et presses;  les cassures dans la chaîne de production provoquées par la nécessité de devoir arrêter certaines machines étant donné le manque de ravitaillement dans les ateliers de finition; la décision de faire fabriquer à Dornach ou en Allemagne [chez Bush-Jaeger] un très grand nombre de produits spécifiques à la Boillat, parmi lesquels tous les profilés et notre plus grande spécialité pour la fabrication des articles d’écriture; et en perspective, le transfert de machines pour suivre les déplacements de ces produits. Ajoutons à cela le manque de personnel suite aux licenciements, le non-réengagement de cadres compétents, les pressions en tout genre et le harcèlement journalier que subit le personnel.

Force est de constater – et cela est la triste réalité – qu’il est impossible de faire fonctionner notre entreprise à 100% dans ces conditions et si Boillat ne fonctionne pas à 100% de ses capacités Swissmetal dans son entier sera condamnée à mourir à plus ou moins long terme. Mais soyez-en tous convaincus cela est la dernière préoccupation de ses dirigeants.

La pérennité et l’avenir de notre entreprise se joueront à n’en pas douter ces prochaines semaines. La ou les prochaines séances de médiation seront déterminantes. Des décisions devront être prises rapidement, car ces séances ne pourront pas se prolonger indéfiniment. La capacité de réflexion, le répondant et la volonté du personnel dans la poursuite de notre lutte seront déterminants. L’engagement inconditionnel et dans la transparence du syndicat à nos côtés devra se faire impérativement.

Seul un changement de stratégie, une stricte application assortie de véritables garanties du protocole d’accord et sous la conduite d’un autre CEO dans le cadre de Swissmetal, ou une totale indépendance de l’usine de Reconvilier en dehors de cette dernière peuvent encore être négociées.

La disparition programmée de l’usine de Reconvilier porterait un coup fatal à bon nombre de nos fidèles clients et engendrerait la disparition de milliers d’emplois dont les conséquences humaines sont encore indéfinissables.

Comme l’ont fait nos voisins français, lorsqu’il s’est agi de barrer la route de la présidence à un de leur candidat [allusion au deuxième tour des élections présidentielles françaises où Le Pen était présent], j’en appelle au rassemblement de toutes les forces, de toutes les travailleuses et tous les travailleurs car notre combat est aussi le vôtre, de tous les partis politiques et des plus hautes instances de ce pays, de toutes les associations, bref vous tous, afin que nous aussi puissions barrer la route à ce qu’il convient toujours d’appeler des pilleurs et destructeurs d’entreprises.

Pour le maintien et le développement de notre industrie, pour nos régions et les générations futures, pour le droit et la dignité de toutes les personnes, pour que vive la Boillat, solidairement, dans la plus grande unité battons-nous.

Grâce à votre à votre présence et au magnifique soutien de tous nous gagnerons !

Merci à tous.

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