Mesures d'accompagnement au rabais pour la libre circulation des personnes
 
 

Lettre ouverte à mon ex-Boss

Romolo Molo

Nous publions ci-dessous la traduction de la "Lettre ouverte à mon ex-boss" (Serge Gaillard: chef syndicaliste de l'Union Syndicale Suisse) envoyée par le juriste et syndiqué UNIA, Romolo Molo, parue dans l'hebdomadaire la WoZ (WochenZeitung du 10 mars 2005) de Zurich, aunsi que le texte original allemand.

Il n'est pas nouveau, hélas, que les appareils dudit mouvement ouvrier règlent des différences d'opinion par des exclusions, sous diverses formes.

Que d'autres initiatives des sommets syndicaux prenant la forme de fanfaronnades juridiques – pour ne pas mentionner les campagnes de calomnies – suivent ne va pas étonner ceux et celles qui, de façon argumentée, défendent: un «Oui à une libre circulation adossées à des droits syndicaux et sociaux» et donc un Non au «paquet» du Conseil fédéral et du patronat liant pseudo-libre circulation et mesures d'accompagnement au rabais.

Notre réponse et riposte sera en harmonie avec notre détermination à faire la clarté sur: où se trouvent les intérêts des salarié·e·s, en priorité les femmes travailleuses et les immigrés face à une mise en concurrence et à un dumping organisé? Quelles revendications concrètes pourraient être obtenues lors de nouvelles négociations après un Non au mois de septembre? Comment lier action syndicale et mobilisations avec l'obtention de droits, grâce à une conjoncture politique (nécessité de signer des accords bilatéraux pour le patronat et les élites dirigeantes) qui offre une «fenêtre d'opportunité», comme le disent les spécialistes en tir de fusée Ariane, pour ne pas citer les spéculateurs en Bourse. Certes, les quelques habitants des plus hautes cimes syndicales considèrent que les seules "fenêtres d'opportunité" sont celles qui concernent leur ascension en termes de carrière. cau

Serge Gaillard, lors d’une émission sur la Radio suisse romande, jeudi 3 mars, a expliqué ainsi mon licenciement de l’USS (voir à ce sujet SonntagsBlick du 27 février 2005, p.14) : «Les secrétaires de l’USS,  qui sont engagés et rémunérés par le Comité de l’USS, ont une tâche: c’est de communiquer et de défendre les décisions qui ont été prises par l’USS. Et ils doivent les défendre envers l’administration, les milieux politiques et aussi le public.»

Oui, je suis contre le soutien de l’USS au paquet trompeur du Conseil fédéral sur la  pseudo-libre circulation et les «mesures d’accompagnement». Je suis contre le dumping salarial et social que tous ressentent. Je suis pour une libre circulation adossée à de vrais droits sociaux et syndicaux. Ma loyauté va aux salarié·e·s.

Trois questions à mon ex-boss.

1° Un salarié travaillant chez Nestlé et qui est contre la privatisation de l’eau au Brésil – stimulée par Nestlé – peut-il expliquer son point de vue en public? Selon Serge Gaillard, non.

2° Un salarié engagé par Novartis et qui découvre les effets nocifs d’un médicament doit-il –  après en avoir discuté dans la firme – dénoncer ses effets pervers, si la firme continue à diffuser ce produit ? Non, selon Serge Gaillard.

3° Une libraire qui dit à ses clients qu’un livre est mauvais – parce qu’elle l’a lu attentivement comme son métier le lui dicte – doit-elle être licenciée parce que le propriétaire de la librairie fait de la publicité pour vendre ce livre ? Selon la «logique» de mon ex-Boss syndical Gaillard, elle devrait être licenciée !

Une conclusion. J’ai conduit avec succès la plainte de l’USS auprès de l’OIT (Organisation internationale du travail) contre les licenciements antisyndicaux en Suisse. Je n’avais pas la responsabilité pour l’USS – que j’aurais d’ailleurs refusée – de mener la campagne pour le paquet du Conseil fédéral

En réalité, l’attitude de mon boss reflète ce qui se passe dans les sommets de l’USS. Les permanents chefs, payés par les salariés, décident eux de l’orientation concrète du syndicat. Si un «employé» n’est pas d’accord, il doit se taire. Les membres de base ont une liberté de parole toute relative. Pourquoi ? Parce que cette parole pèse peu. La preuve ? Le Congrès de l’USS de 2003 a décidé, sur le fond, le contraire de ce qu’ont négocié les chefs de l’USS avec Deiss.

C'est le droit de parler selon sa conscience sans se faire licencier de son boulot qui est en question. Mon boss le sait. Il parle donc comme un patron.

6 mars 2005


Die Wochenzeitung; 10.03.2005; Seite 8

Offener Brief an meinen Ex-Boss

In einer Sendung im Westschweizer Radio hat Serge Gaillard am 3. März meine Entlassung durch den Schweizerischen Gewerkschaftsbund SGB (siehe dazu «SonntagsBlick» vom 27. Februar) folgendermassen erklärt: «SGB-Sekretäre, die durch den SGB-Vorstand eingestellt und bezahlt werden, haben eine Aufgabe: Die durch den SGB getroffenen Entscheide zu kommunizieren und zu vertreten. Und sie müssen sie gegenüber der Verwaltung, der Politik und der Öffentlichkeit vertreten.»

Ja, ich bin gegen das trügerische Paket des Bundesrats über den angeblichen freien Personenverkehr und die «Begleitmassnahmen». Ich bin gegen das Lohn- und Sozialdumping, das wir alle wahrnehmen. Ich bin für einen freien Personenverkehr, der auf echten sozialen und gewerkschaftlichen Rechten gründet. Meine Loyalität gilt den Lohnabhängigen.

Drei Fragen an meinen ehemaligen Boss:

1. Darf eine Angestellte, die bei Nestlé arbeitet und gegen die - von Nestlé betriebene - Privatisierung der Wasserversorgung in Brasilien ist, ihre Meinung öffentlich kundtun? Nein, meint Serge Gaillard.

2. Muss eine bei Novartis beschäftigte Person, nachdem sie schädliche Wirkungen eines Medikaments entdeckt hat und innerhalb der Firma das Gespräch über diesen

Sachverhalt gesucht hat, diese Gefahr aufdecken, wenn die Firma das Produkt weiterhin vertreibt? Nein, sagt Serge Gaillard dazu.

3. Soll eine Buchhändlerin entlassen werden, wenn sie den Kunden sagt, ein Buch sei schlecht - weil sie das Buch aufmerksam gelesen hat, wie es ihr Beruf verlangt -, da der Besitzer der Buchhandlung Werbung für besagtes Buch macht? Mein ehemaliger Gewerkschaftsboss vertritt die «Logik», dass diese Buchhändlerin entlassen werden müsste!

Eine Feststellung: Ich habe die erfolgreiche Klage des SGB bei der Internationalen Arbeitsorganisation IAO gegen Kündigungen aus antigewerkschaftlichen Motiven in der Schweiz geführt. Ich war vom SGB nicht mit der Kampagne für das Paket des Bundesrats betraut - die Verantwortung dafür hätte ich im Übrigen abgelehnt.

In Tat und Wahrheit spiegelt die Haltung meines Bosses die Vorgänge an der Spitze des SGB. Die von den Lohnabhängigen bezahlten Cheffunktionäre entscheiden selbst über die konkrete Ausrichtung der Gewerkschaft. Ist ein «Angestellter» nicht einverstanden, so muss er schweigen. Basismitglieder geniessen eine eingeschränkte Meinungsfreiheit. Warum? Weil ihre Meinung nicht schwer wiegt. Der Beweis dafür: Am SGB-Kongress 2002 wurde im Grunde genommen das Gegenteil von dem beschlossen, was die SGB-Chefs nun mit Bundesrat Joseph Deiss ausgehandelt haben.

Es geht hier um das Recht, nach seinem Gewissen sprechen zu dürfen, ohne dafür entlassen zu werden. Mein Chef weiss dies sehr wohl. Daher spricht er wie ein Boss.

Romolo Molo, 6. März 2005