Un Genevois se fait virer de l’USS
PHILIPPE RODRIK
Un avocat genevois vient de se faire virer de l’Union syndicale suisse (USS). Le président et le secrétaire central de l’organisation, Paul Rechsteiner et Serge Gaillard, reprochent à Romolo Molo son fort engagement en faveur du référendum contre l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux Etats membres de l’Union européenne.
«Je ne suis pas contre la libre circulation des personnes de manière générale, mais les mesures d’accompagnements prévues ne me paraissent pas suffisantes. La protection contre les licenciements fait défaut. Du coup, le combat contre le dumping salarial en devient illusoire», déplore Me Romolo Molo. Les «patrons» de l’USS, forte de plus de 390 000 membres, n’ont pas admis cette remise en cause de la position adoptée par leur comité.
Le juriste genevois perd donc son poste de secrétaire à 40% dès le 30 avril, après quatre ans de bons et loyaux services. En novembre dernier, Romolo Molo avait encore dénoncé onze cas de licenciements abusifs devant l’Organisation internationale du travail (OIT). Avec succès. L’OIT a en effet estimé que la Suisse ne garantissait pas pleinement l’exercice des droits syndicaux.
Me Romolo Molo ne s’avoue toutefois pas vaincu. Il tient à défendre sa liberté de ne pas être d’accord avec le comité de l’USS. Plutôt que de solliciter les tribunaux, l’avocat préconise la constitution d’un jury d’honneur interne, composé de deux ex-conseillers nationaux genevois et valaisan: Nils de Dardel et Peter Bodenmann.
Quel que soit le verdict, le référendum semble assuré. Le comité présidé par le secrétaire général des Démocrates suisses, Bernhard Hess, a déjà recueilli 60 000 signatures. Le scrutin est fixé au 25 septembre.
Tribune de Genève, 2 mars 2005
Cet article a suscité une réponse du secrétaire patronal Michel Barde et une duplique de R. Molo
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