Palestine

 

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Gaza: «Tsahal, à l’aise dans le massacre de civils» ?

Amos Harel

Le jeudi 19 mars 2009 le quotidien israélien Haaretz publiait des extraits des comptes rendus faits par les militaires de la mal nommée «Force de défense israélienne» (Tsahal) d’Israël lors de l’opération «Plomb durci» contre la population de Gaza.

Sur le fonds, quelques journalistes présents, les chaînes de télévision telles que Al Jeezira ou Al Arabia présentes à Gaza, Amnesty International, des membres du CICR avaient déjà fourni de très nombreux éléments qui documentaient les crimes commis par les soldats. Y compris ressortaient des éléments indiquant la chaîne de commandement mise en place pour «assurer» leur accomplissement. Il fallait terroriser, voilà la consigne qui était donnée.

Aujourd’hui, ces témoignages – qui s’ajoutaient à ceux des victimes palestiniennes qui devaient être, pourtant, la source la plus crédible, mais que plus d’un média interrogeait de manière soupçonneuse – sont relayés par des soldats israéliens.

Les témoignages de ces soldats, issus de «débriefings» organisés en février 2009 par l’académie militaire de «Tsahal» ont été publiés dans la lettre d’information de cet organisme.

Les témoignages des soldats ont cette tonalité: «Le tireur d’élite a vu une femme et des enfants s’approcher de lui et entrer dans la zone dans laquelle on lui avait dit que personne ne devait pénétrer. Il a tiré et les a tués», relate un chef de brigade. Et il ajoute: «D’après les discussions que j’ai eues avec mes hommes, […] le sentiment général prévalait que la vie des Palestiniens était beaucoup moins importante que la vie de nos soldats». Un soldat indique qu’une femme âgée traversait une rue et se trouvait proche d’un immeuble tenu par les forces armées israéliennes: «Je ne sais pas si elle était ou non suspecte, je ne connais pas son histoire. Ce que je sais, c’est que mon officier a envoyé des hommes sur le toit pour la tuer». Un élément de plus pour justifier le terme de «crimes de guerre» utilisé dès janvier 2009 par des «observateurs modérés» comme aime à les présenter les TJ.

Nous publions ci-dessous la traduction de l’article paru dans Haaretz. (Réd.)

Tsahal ? Une armée de pleutres qui n’est à l’aise que dans le massacre de civils... et à distance...

Les déclarations des soldats de la force israélienne de défense appartenant au cours militaire préparatoire Yitzhak Rabin ont fourni la première image non censurée de ce qui s’est passé dans certaines des unités combattantes lors de l’opération «Plomb durci».

Il semble que les soldats racontent en fait comment les choses se sont passées couramment sur le terrain. Et comme toujours, la réalité est totalement différente de la version édulcorée servie par les commandants militaires au public et aux médias pendant et après l’opération.

Les soldats ne mentent pas pour la simple raison qu’ils n’ont aucune raison de mentir. Si vous lisez la transcription de leurs récits qui sera publiée par Haaretz vendredi (20 mars 2009), vous n’y trouverez ni jugement ni vantardise. Ils racontent ce qu’ils ont vu à Gaza. Il y a une cohérence dans les témoignages émanant de différents secteurs qui reflètent une image troublante et déprimante.

La Force israélienne de défense (FID) rendra un grand service à tout le monde et surtout à elle-même si elle prend les témoignages de ses soldats au sérieux et mène une enquête approfondie. Quand les témoignages émanaient uniquement de Palestiniens ou de la « presse hostile », il était facile de les balayer comme de la propagande servant à l’ennemi. Mais que faire quand ce sont les soldats eux-mêmes qui racontent l’histoire ?

Il est possible que dans ce qu’ils racontent il y ait quelques erreurs ou exagérations parce qu’un chef de brigade ou de section ne voit pas toujours l’ensemble du tableau. Mais il y a des preuves de première main ayant trait à ce que la plupart des Israéliens préféreraient refouler. Il s’agit de la manière dont l’armée a mené sa guerre contre des terroristes armés, avec une population civile de 1,5 million de personnes coincées au milieu.

Répondant mercredi (18 mars 2009) à une question de Haaretz, Danny Zamir, directeur de l’école militaire, a annoncé qu’il avait décidé de publier le débat uniquement après avoir parlé et écrit à plusieurs reprises aux officiers supérieurs de la FID. Les officiers d’état-major ont dit à Zamir que les enquêtes opérationnelles au sujet des combats à Gaza, y compris l’enquête sur l’éthique, étaient loin d’être terminées. Les officiers ont aussi dit qu’ils n’avaient pas trouvé de preuves quant au type d’incidents décrits par les soldats.

Si la FID n’a vraiment jamais entendu parler de ces incidents, il est raisonnable de présumer qu’elle ne voulait pas les connaître. Les soldats décrivent la réalité dans les unités de combat depuis le niveau du commandant de compagnie jusqu’à la base. Les participants aux débriefings comprennent habituellement les commandants de compagnie et leurs supérieurs. Il semble qu’à l’exception d’incidents isolés, la règle était « vous ne posez pas de questions et nous ne disons rien ».

Ce sont finalement les soldats des unités de combat qui ont lâché le morceau. Leur conscience les a, en quelque sorte, interpellés.

Dans les jours à venir, nous entendrons certainement parler de ceux qui ont coincé Zamir et qui chercheront à réfuter ces affirmations. En 1990, alors commandant de compagnie dans les réserves, Zamir a été jugé et condamné à la prison pour avoir refusé de monter la garde lors d’une cérémonie où des gens de droite avaient apporté des rouleaux de la Torah au tombeau de Joseph à Naplouse. Mais même si Zamir ne cache pas ses opinions politiques, on se rend compte en lisant la transcription du jugement qu’il agit par souci de l’esprit de la FDI.

Les problèmes éthiques de la FID n’ont pas commencé en 2009. De telles discussions remontent à la guerre des six jours. Mais un officier de réserve qui a examiné les témoignages mercredi a fait remarquer que « ce n’est pas la FDI que nous connaissions ».

Les récits montrent qu’Israël considère l’ennemi de façon de plus en plus extrême. La détérioration est continue:  depuis la première guerre du Liban [1982] à la seconde [12 juillet au 14 août 2006] , depuis la première Intifada [commence en décembre 1987] à la deuxième [elle commence en septembre 2000], depuis l’opération «Bouclier de défense» [29 mars au 21 avril 2002] à l’opération «Plomb durci».

(21 mars 2009)

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