Bilan par une ONG de la répression à Oaxaca
et réactions de l’APPO
La Ligue mexicaine pour la défense des droits humains (LIMEDDH) a rendu publique une chronologie des «événements» liés à la marche organisée par l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (APPO) le samedi 25 novembre 2006. Selon le quotidien mexicain La Jornada du 27 novembre 2006, qui cite ce rapport de la LIMEDDH, l’agression policière – de la Police fédérale préventive (PFP) – a commencé à 17h07, dès que les manifestants arrivèrent dans le centre historique de la ville. Ils furent aspergés par des gaz lacrymogènes à quoi s’ajoutèrent de nombreux projectiles. L’ONG mexicaine indique que jusqu’à 20 h du dimanche 26, 39 personnes étaient portées disparues parmi lesquelles 13 femmes. Elle souligne l’aspect préoccupant de ces disparitions, particulièrement pour ce qui a trait aux femmes, face auxquelles la police n’hésite pas à utiliser des violences de tout type.
L’ONG écrit que l’agression de la police a été «à l’origine de l’affrontement violent entre la PFP et les membres de l’APPO. Les rues du centre d’Oaxaca furent le théâtre d’une violente bataille et d’une brutale répression contre la mobilisation populaire pacifique.
La LIMEDDH ajoute que dès 16h47, le samedi, des hommes de main du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel – parti du gouverneur contesté Ulises Ruiz Ortiz) multiplièrent les provocations contre les participants à la marche. Dès 20h46 – après des tentatives de conciliation inabouties de la part de la LIMEDDH qui prit contact avec la Commission nationale des droits humains, le Ministère de l’intérieur, etc. – des membres de la police commencèrent à poursuivre les gens dans les maisons. A 20h58, des policiers habillés en civil s’attaquèrent à des stations de bus. Des touristes comme des habitants couraient partout pour trouver un refuge. La LIMEDDH est intervenue, à partir de son constat détaillé, auprès de nombreuses instances, allant du secrétaire exécutif de la Commission interaméricaine des droits humains (Santiago Canton) jusqu’à Louise Arbour, haut commissaire des Nations unies pour les droits humains.
L’enquête de la LIMEDDH met en relief combien tout ce qui est présenté par divers médias comme «des violences à Oaxaca» résulte d’une opération délibérée de la part de la PFP et de groupes paramilitaires de réprimer le mouvement populaire de Oaxaca.
Dans cette situation, dès le dimanche, l’APPO a affirmé que le lundi elle se réinstallerait dans le couvent de Santo Domingo dont elle fut délogée. Un porte-parole de l’APPO, Florentino Lopez Martinez, a annoncé lors d’une conférence de presse tenue dans le siège de la Pastorale sociale de l’archevêché d’Oaxaca – lieu où des membres de l’APPO avaient trouvé refuge dans la nuit du samedi au dimanche pour éviter d’être arrêtés – que le mouvement continuerait jusqu’à la chute du gouverneur Ulises Ruiz: «La lutte du peuple d’Oaxaca pour la chute de Ruiz n’est pas terminée malgré la répression sanglante», a-t-il affirmé. Il a indiqué qu’au cours de la répression 165 personnes, prisonniers politiques, avaient été arrêtées, qu’il y avait des dizaines de disparus, des centaines de blessés et y compris plusieurs morts (qui jusqu’à maintenant n’a pas été confirmé). Il a pris ses distances avec la mise à feu de bâtiments publics et commerciaux et a affirmé: «Il n’y a eu aucune orientation ni décision dans ce sens parce que la lutte du peuple et de l’APPO est civile et pacifique.» De plus, il a indiqué que des porte-parole de l’APPO avaient été sortis de la prison de Miahuatlan et conduits dans un lieu inconnu à bord d’un hélicoptère de la PFP.
Dans la soirée du dimanche, tout indique que diverses provocations furent organisées. Ainsi, à partir d’une voiture Volkswagen Pointer des coups de feu furent tirés contre l’église Des Sept Principes, près de la place de la Constitution, lorsque le curé Carlos Franco Pérez Mendez commençait une messe. Pérez Mendez avait porté secours à des sympathisants de l’APPO. De même, à 21h30, le feu a été mis aux bureaux de la Nouvelle Gauche d’Oaxaca.
Le doute n’est plus permis sur la détermination répressive des autorités mexicaines. Ces dernières profitent aussi de l’ombre médiatique projetée sur la lutte d’Oaxaca par la joute présidentielle du duo Calderon-Obrador. – Réd.
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