Migrations
«Centre d'accueil temporaire» (CPT) d'Agrigento
«Les 7 d’Agrigente»: enfin hors de prison !
Communiqué du 10 septembre de la FTCR *
Samedi 1er septembre: 1 mort et trois disparus au large de la Sicile Vendredi 7 septembre: 10 morts au large des Canaries
Les victimes de la Guerre aux Migrants continuent de mourir.
Aujourd’hui, lundi 10 septembre, les sept pêcheurs tunisiens des navires Mortadha et Mohammed el-Hedi ont obtenu la levée de leur détention préventive. Ces marins ayant leur port d’attache à Teboulba (gouvernorat de Monastir, Tunisie) ont pris l’initiative de secourir 44 femmes, hommes et enfants qui se trouvaient sur une embarcation sur le point de chavirer dans le canal de Sicile. Ils se sont retrouvés incarcérés et poursuivis à Agrigente (Sicile, Italie) pour "aide à l’immigration clandestine à fin de lucre", délit passible de quinze ans de prison en vertu de la loi italienne dite Bossi-Fini.
Une deuxième demande de libération provisoire introduite par leurs avocats (Leonardo Marino et Giacomo LaRussa) a donné lieu à une assignation à résidence avec obligation de ne pas quitter la Sicile pour deux d’entre eux (les capitaines Abdelbasset Jenzari et Kamel Ben Khlifa). La libération a été accordée aux cinq autres (Mohammed-Lamine Bayyoudh, son père Abdel-Krim Bayyoudh, Hamza Braham, Abdel-Wahid Ghafouri et Lassaad Gharrad) qui pourront rentrer en Tunisie.
La FTCR félicite leurs familles et amis ainsi que tous ceux qui les ont soutenus et ont partagé la détresse et l’incompréhension causées par un mois d’injustice. Elle salue les sept marins et les assure de son soutien et de son admiration pour leur conduite qui leur fait honneur. Elle considère néanmoins que cette bataille pour la justice ne sera close que lorsque les deux capitaines (dont le courage et la combativité nous ont particulièrement frappé lorsque nous les avons visité à la prison d’Agrigente vendredi 7 septembre) seront également libres et que tous les sept cesseront d’être poursuivis et obtiendront les réparations et la reconnaissance qui leur sont dues.
Il est évident que ce premier résultat est le fruit d’abord du travail mené de manière exemplaire par les avocats assurant la défense des sept inculpés, ainsi que de la mobilisation infatigable menée à Agrigente et en Sicile par quelques militants de la Rete Antirazzista Siciliana et de l’ASGI (Associazzione Studi Giuridici sull’Immigrazione). Quant à la mobilisation qui a permis de donner tout l’écho qu’elle mérite à cette affaire et de la présenter pour ce qu’elle est (une bataille emblématique pour l’égalité des droits et pour le refus de la guerre sécuritaire aux migrants), il ne nous aurait pas été possible de l’impulser sans la disponibilité et l’engagement de plusieurs protagonistes: des organisations et associations européennes et maghrébines (le REMDH, Migreurop, Arci, le Forum Social Tunisien, la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, l’ATFD, le CNLT…) ; des parlementaires européens (Giusto Catania, Hèléne Flautre, Francis Wurtz, Pasqualina Napoletano, Claudio Fava…) ; des députés de l’Assemblée Nationale italienne (Graziella Mascia, Antonio Falomi, Gennaro Migliore, Robberto Zaccaria, Angelo Bonelli, Iacopo Venier…) ainsi que tant d’autres en Italie, en Tunisie, en France, en Belgique, au Maroc, en Algérie…
La mobilisation doit se poursuivre et passer à un niveau supérieur:
1/ Le procès des "Sept d’Agrigente" reprend le jeudi le 20 septembre, et rien dans l’attitude du président du tribunal (Mme Antonia Sabbatino) ne laisse présager une attitude moins absurde et moins injuste que celle qui a prévalu jusqu’à présent. Le fait que ses décisions et déclarations soient démenties de manière cinglante par le juge qui s’est prononcé après elle sur le maintien en détention comme par la position du ministère public, ne garantit en aucun cas que tous les éléments factuels et les témoignages plaidant en faveur des inculpés soient considérés avec plus d’objectivité. Nous restons donc mobilisés pour la libération des deux pêcheurs assignés à résidence, pour l’arrêt des poursuites et pour l’indemnisation des dommages moraux et matériels causés par cette affaire.
2/ Des centaines de personnes continuent à mourir chaque mois en tentant d’arriver en Europe pour chercher une vie meilleure pour eux et leurs familles, ou pour fuir la guerre et la persécution. Le véritable mur de séparation que construisent les politiques sécuritaires et la militarisation des contrôles des frontières rendent le droit à se déplacer, pourtant reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, quasiment inaccessible aux pauvres s’ils ne mettent pas leur vie gravement en danger. La Méditerranée et les îles atlantiques espagnoles sont des fronts particulièrement meurtriers de cette Guerre aux Migrants. Ces derniers temps, les discours et les politiques mises en œuvre dans les différents pays méditerranéens aggravent chaque jour cet état de fait. Il faut plus que jamais se battre pour l’égalité des droits et pour un élargissement et un accès réellement universel aux droits fondamentaux. Novembre et décembre prochain se tiendront à Lisbonne un sommet euro-méditerranéen et un sommet euro-africain dans lesquels le contrôle des migrations sera un thême central. Cela peut constituer une échéance importante pour tous ceux qui se battent pour l’égalité, la justice et la liberté.
* Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives (FTCR)
(19 septembre 2007)
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