Haïti
Un sombre panorama social
Pierre Cotson *
Le premier anniversaire du terrible séisme du 12 janvier, qui a causé la mort de 300’000 personnes, dévasté la capitale et d’autres villes, trouve Haïti dans une profonde crise sociale et des problèmes politiques récurrents.
La minute fatidique, c’était 14 h 53 (heure locale), lorsque le cataclysme de 7 degrés ayant son épicentre à 15 kilomètres de la capitale, Port-au-Prince, a renversé le palais présidentiel, la cathédrale, les écoles, les hôpitaux, les ministères et des dizaines de bâtiments institutionnels.
Des dizaines de milliers de résidences se sont également effondrées, prenant au piège leurs occupants et laissant sans abri 1,5 million de personnes, qui ont eu le temps de s’échapper.
Ces dernières ont rejoint le grand nombre d’habitants de diverses régions d’Haiti, qui ne bénéficient d’aucun accès aux services de base comme la santé, le logement, l’éducation, le travail et l’alimentation.
Selon les derniers chiffres, un an plus tard, plus d’un million de personnes déplacées continuent à vivre dans 1300 camps improvisés où ils demeurent sans espoir à moyen terme de retrouver un toit.
Le problème du logement représente un des principaux défis auxquels font face les autorités haïtiennes. A la fin de l’année dernière, elles ont annoncé de nouvelles normes pour la construction de petites et moyennes résidences, mais elles peinent toujours à mettre en place un programme pour répondre aux besoins d’habitats de la population sinistrée et un réel plan de reconstruction.
Cinq milliards de dollars seront nécessaires, selon le gouvernement, pour fournir un meilleur hébergement aux victimes de la tragédie encore agglutinées sous des tentes de fortune et exposées à toutes sortes de problèmes causés, entre autres, par les mauvaises conditions d’hygiène, l’insécurité et les intempéries.
Malgré les promesses officielles, les centaines de milliers de sans-abri demeurent incertains sur leur sort, tandis que les menaces d’expulsion affectent 17 pour cent des camps, selon les rapports d’organismes civils.
Des centaines de personnes déplacées ont réclamé à plusieurs reprises devant les bureaux du premier ministre Jean Max Bellerive des logements décents.
Les pays donateurs et les bailleurs de fonds internationaux ont promis d’allouer 240 millions de dollars à la construction de plus de 100'000 abris temporaires. Mais seulement le quart aurait été construit en un an.
Sur le plan économique, des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans moyens de subsistance dans un contexte où 30 % des emplois disponibles avant le 12 janvier ont été perdus, aggravant le taux de chômage déjà très élevé, soit plus de 70 %.
Les pertes occasionnées par le tremblement de terre s’élèvent, selon des estimations concordantes, à environ 7 milliards de dollars au niveau des secteurs productifs, dont 70 % dans le secteur privé.
En ce qui concerne les infrastructures, un an après le tremblement de terre, de nombreuses rues restent encombrées par des millions de mètres cubes de gravats. Au départ on parlait de 20 millions de mètres cubes de débris, desquels un faible pourcentage a été enlevé.
Une rue libérée aujourd’hui peut être à nouveau encombrée demain, puisque les riverains qui libèrent petit à petit les espaces de leurs maisons effondrées n’ont d’autre choix que de jeter les débris sur la chaussée.
La communauté internationale, qui a volé au secours d’Haiti quelques heures après la tragédie, a convoqué de nombreuses réunions au cours desquelles des milliards de dollars d’aide ont été approuvés. Les fonds débloqués ne représentent qu’une infime partie de ce qui a été promis.
Tout de suite après la catastrophe, Haiti n’a pas eu à déplorer la propagation d’épidémies toujours redoutées après ce genre de catastrophe. Mais 9 mois plus tard, le choléra a commencé à frapper la population.
Entre le 19 octobre, lorsque les premiers cas ont été enregistrés, et le début de 2011, plus de 3,400 morts ont été répertoriées et plus de 157'000 personnes infectées. 400'000 contaminations sont attendues en 6 mois.
L’autre problème majeur qui touche le pays est la crise politique, suite aux élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2010, dénoncées comme frauduleuses par toute l’opposition politique et d’importantes franges de la population.
La proclamation des résultats du premier tour a déclenché une vague de violentes protestations qui ont fait au moins 4 morts. Une Commission technique de l’Organisation des États Américains (OEA) a examiné les résultats et le rapport qu’il aura à soumettre incessamment au gouvernement crée le plus grand suspense.
Journaliste auprès de Alterpresse
(11 janvier 2010)
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