France
François Chérèque à son arrivée à l'Elysée... en 2007
Que prépare la direction de la CFDT ?
Rédaction
Echaudé par la réforme des retraites de 2003 – accord que la direction de la CFDT avait signé seule – François Chérèque, depuis des mois, se défend de vouloir recommencer.
Toutefois, dès fin 2009, il rodait ses arguments afin de négocier cette «réforme» qu' aujoud’hui la majorité de la population française rejette, à juste titre, comme une «contre-réforme».
En mai 2010, Chérèque testait sa position à Toulouse, une région qui vit une part importante des membres de la CFDT quitter les rangs de la fédération suite à la position de la direction.
Toute la politique de Chérèque – et sous des formes différentes de Bernard Thibault de la CGT – a consisté «à chevaucher le tigre», selon la formule des travailleurs italiens du début des années 1970; une formule caractérisant, de manière illustrée, la position des appareils face à une montée ouvrière inattendue et d’une force imprévue.
La mobilisation sociale en France, nous l’avons répété, a acquis des traits socio-politiques qui ont affaibli la stratégie de «négociations au sommet» avec Raymond Soubie, le conseiller «social» de Nicolas Sarkozy; affaibli mais pas liquidé.
Derrière l’unité de l’Intersyndical, sans cesse, des tensions se sont affirmées; elles ont aussi été nourries aussi par les initiatives locales qui réunissent des forces sociales autres que syndicales, au sens strict.
Dès lors, jouer la carte du «recul du mouvement» – c’est-à-dire faire passer le message «la vague redescend» – devient un instrument utilisé à nouveau par la direction de la CFDT pour démobiliser et «verifier», par la suite, sa «prédiction».
La circulaire que nous publions ci-dessous en est l’illustration. Après le vote de la loi au Sénat le 22 octobre 2010, cette stratégie va s’accentuer, tout en se combinant avec des appels aux actions «unitaires» planifiées pour les jours à venir.
Les chemins risquent de se séparer, après avoir été embourbés. Seule la mobilisation «par en bas» et «unitaire dans l’action» – qui s’accompagne de la plus grande clarté, à partir des multiples exemples de luttes concrètes untaires locales – peut battre en brèche ce qui se prépare dans les «sommets» des appareils.
Le texte publié, ci-dessous, se trouve sur plusieurs sites CFDT. Il constitue la lettre «Infos rapides» envoyée le 22 octobre 2010, au bureau national, aux fédérations, aux unions régionales et départementales, ainsi qu'aux secrétaires confédéraux. (cau)
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«L'intersyndicale du 21 octobre 2010 a décidé des mobilisations du jeudi 28 octobre et du samedi 6 novembre. FO (Force ouvrière) et Solidaires ne sont pas signataires du communiqué intersyndical. FO reste sur sa ligne: grève et retrait de la loi. Solidaires ne veut pas être signataire d’un texte qui affirme, en particulier, que « les mobilisations syndicales unitaires » doivent « respecter les biens et les personnes ».
Le communiqué intersyndical (du 21octobre) est un point d’appui important dans la conduite des intersyndicales à tous les niveaux. Les non signataires, s’ils peuvent se raccrocher aux mobilisations du 28 octobre et du 6 novembre, ne peuvent pas en être des organisateurs.
En ce qui concerne les initiatives locales diverses, contrairement à ce que voulaient Solidaires et la FSU, le communiqué ne soutient pas les « innombrables initiatives locales ». Le précédent communiqué intersyndical qui insistait sur le respect de la démocratie dans les décisions d’action (ce qui conduit en particulier aux votes à bulletin secret dans les AG) et celui du 21 qui met l’accent sur le respect des biens et des personnes doivent permettre d’encadrer les initiatives en évitant radicalité et débordements. Ils sont, le cas échéant, des supports pour expliquer pourquoi on n’y est pas.
Les actions décidées le sont dans la perspective de la promulgation de la loi. Cela sous-entend, comme le dit la CFDT, qu’après cette promulgation, l’intersyndicale devra bien reconnaître que nous serons dans une autre configuration puisque nous ne voulons ni aller sur la contestation de la légitimité parlementaire, ni sur l’affrontement avec la présidence de la République.
Enfin, le communiqué fait référence aux problèmes d’emploi, de salaires, de conditions de travail, d’avenir des jeunes qui sont aussi des motivations des salariés dans les mobilisations actuelles, mais en renvoyant à une prise en charge décalée par rapport au conflit des retraites pour éviter tout amalgame ou toute action globalisante.
UNSA, CFTC, comme la CFDT reconnaissent que les mobilisations du 19 octobre 2010 marquent une baisse de la participation des salariés. Solidaires et FSU ont de plus en plus de mal à justifier leur stratégie de grèves reconductibles qui est en échec.»
(26 octobre 2010)
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