Egypte

La place Tahrir: une nouvelle légitimité

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Pour une Constitution qui incarne la légitimité de la révolution

Mouvement pour le Renouveau socialiste

Le débat est ouvert en Egypte sur le thème de la Constitution: certains, comme les Frères musulmans, sont favorables à une Constitution simplement amendée qui ouvre rapidement la voie à des élections; d’autres revendiquent une nouvelle Constitution; et d’autres encore revendiquent une véritable Assemblée constituante, pouvant s’appuyer sur les organes représentant le mouvement populaire, afin de donner forme à des droits sociaux et politiques qui s’affirment depuis la révolution du 25 janvier 2011. C’est dans ce cadre qu’il faut lire la déclaration que nous publions ci-dessous. (Rédaction)

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Une des réalisations principales de la révolution du 25 janvier était d’abolir la Constitution de 1971, cette Constitution qui est devenue une créature déformée à cause des rafistolages visant à garantir la succession [de Moubarak] et pour permettre au clan des hommes d'affaires associés à Gamal Moubarak [le fils d’Hosni] de prendre en main les rênes de l'Egypte.

Par conséquent, il n'est pas concevable que cette grande révolution – qui a stupéfié le monde, et dont les flammes se sont propagées dans la région arabe – débouche sur une modification limitée de certains des articles de cette Constitution, expression d’une structure qui s’est effondrée; cela même si ces modifications sont temporaires.

Car ces modifications ne touchent pas des questions de fond qui représentent un grand obstacle sur le chemin de la démocratie. Bien que les amendements à la Constitution limitent les mandats présidentiels à deux et réduisent chaque mandat à quatre ans, ils n'ont pas touché les vastes pouvoirs concentrés dans les mains du président, ce qui comporte un grand risque.

De plus, la méthode choisie pour élaborer la Constitution qui doit durer – telle que mentionnée dans les amendements – affirme que le prochain parlement choisira un groupe parmi les députés pour préparer la nouvelle Constitution. Cela est en contradiction avec les droits démocratiques. En effet, dans toutes les véritables révolutions démocratiques, il est connu que c'est le peuple qui a fait la révolution et qui crée donc une nouvelle légitimité. Il est donc le seul qui ait le droit d'élaborer la Constitution.

Par conséquent, notre question est la suivante: qui sont ceux qui poussent nos gouvernants, au nom de la légitimité révolutionnaire, à insister sur le maintien de l'ancienne Constitution ? Et ce maintien s'inscrit-il dans le même contexte d’ajournement de la décision de dissoudre l'appareil de «Sécurité de l'Etat», suite aux révélations portant sur son rôle destructeur et oppressif, un rôle qui dépasse l'imagination la plus déchaînée parmi nous ? Et cela s’inscrit-il dans le même cadre qui assure le maintien à son poste du ministre de la Production militaire, un des grands acteurs du système de fraudes et de corruption, ainsi que d'autres personnages symboles de l'ancien régime qui occupent toujours des postes clés ?

Dans ce contexte, nous considérons que l'élection par le peuple d'une Assemblée constituante qui élabore une nouvelle Constitution est un véritable droit démocratique. On ne peut pas le laisser tomber.

Nous insistons donc sur la nécessité de lutter pour ce droit et de combattre tous les complots de la contre-révolution qui ont pour finalité de faire avorter ou de réduire les acquis démocratiques du peuple. Cela en développant les syndicats indépendants, les associations et les comités ou d’autres institutions ayant pour but de protéger la révolution. Car ces institutions constituent un véritable espoir, si elles se multiplient, s’élargissent et construisent un réseau unique qui puisse représenter un pouvoir populaire exprimant la volonté de la révolution du 25 janvier. (9 mars 2011 – traduction de l’arabe par A l’Encontre)

(12 mars 2011)

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