Chili-France
Georges Klein, Alphonse Chanfreau, Jean-Yves Claudet Fernandez et Etienne Pesle
Procès tardif des crimes de la dictature pinochetiste au cours de laquelle quatre Français furent assassinés
Patricio Paris
La Cour d’Assises de Paris – la plus haute juridiction criminelle française – ouvrira ce procès du 8 au 17 décembre 2010 pour juger les membres des Forces Armées du Chili impliqués dans l’assassinat de: Georges Klein, Alphonse Chanfreau, Jean-Yves Claudet Fernandez et Etienne Pesle.
2 ans et 7 mois de report du procès des sbires de l’armée chilienne qui ont participé à l’assassinat de quatre citoyens français au début de la dictature de Pinochet au Chili, la Cour d’Assises de Paris – la plus haute juridiction criminelle française – ouvrira ce procès du 8 au 17 décembre 2010. Dans Mediapart du 8 mai 2008, nous expliquions les «difficultés» que le Parquet Général de Paris a eues, depuis 1998, pour qu’ait lieu l’audiencement du dossier au rôle de la Cour d’Assises.
Nous sommes 37 ans après les faits qui seront jugés. Sept présidences ont passé avant que ce procès n’ait lieu: G. Pompidou, V. Giscard d’Estaing, deux mandats de F. Mitterrand, deux mandats de J. Chirac et celui de N. Sarkozy, qui est loin d’être le chantre des droits humains (Chine, Tunisie…).
Entre-temps, trois des principaux accusés sont décédés: Pinochet, Palacios, Paul Schaeffer, gourou de «Colonia Dignidad» [centre de torture sous Pinochet, c’est est une enclave allemande fondée au Chili par un caporal-infirmier nazi, qui l’avait transformée en une sorte de secte bénéficiant de protections, selon plusieurs experts. Voir http://www.elcorreo.eu.org/?Colonia-Dignidad-une-enclave]
Un report eut lieu quelques jours avant le début du procès qui devait s’ouvrir le 19 mai 2008, justifié par «une mauvaise évaluation du temps nécessaire à organiser un tel procès». Comme si à la dernière minute, l’administration de la justice française se serait rendu compte des problèmes matériels pour prévenir les nombreux «grands témoins» sollicités par les parties civiles ainsi que pour convoquer les officiers chiliens mis en examen via la chaîne d’institutions françaises et chiliennes devant être traversées pour arriver jusqu'à eux en respectant les procédures en l’absence de convention d’extradition entre les deux pays.
A l’époque du report, la Garde des Sceaux était Mme Rachida Dati. La nouvelle date du procès a été fixée par la Garde des Sceaux Mme Michèle Alliot-Marie. Le procès s’ouvrira sous le ministère du Garde des Sceaux Michel Mercier.
Ce procès débutera après la visite du 19 au 21 octobre 2010 de Sébastien Piñera héritier politique du pinochetisme, un entrepreneur multimillionnaire à la tête du Chili. Ce procès qui traîne depuis 12 ans est finalement situé dans le calendrier politique français, si soigneusement organisé par la mandature de l’actuelle présidence, dans la période creuse des fêtes de fin d’année. Nous verrons quelle place sera accordée à ce procès, dérangeant les affaires, en France et au Chili.
Ce procès, avant tout symbolique, jugera par défaut 12 officiers chiliens, un officier argentin et un civil chilien. C’est au nom de la compétence personnelle passive et non au nom de la compétence universelle, que la justice française met les militaires chiliens et l’argentin en accusation.
A part les familles des victimes, quatre associations, ou organismes, se sont portés parties civiles au procès: CODEPU – Corporación de defensa y promoción de los derechos del Pueblo, l’Association de ex-prisonniers politiques chiliens en France, France Amérique Latine, la Fédération Internationale de ligues des Droits de l’Homme et la Ligue française des Droit de l’Homme.
Est-ce que ce procès approfondira la question de l'implication des Etats-Unis dans le «Plan Condor» ? [voir à ce propos: «Opération Condor», cauchemar de l’Amérique latine, Le Monde Diplomatique, mai 2001]. C’est dans ce cadre que fut assassiné Jean-Yves Claudet, après qu’il fut interpellé à l’Hôtel Liberty le 1er novembre 1975 par des agents de la police secrète argentine (SIE). Ce plan a été ourdi par un groupe mené Henry Kissinger [voir à ce propos http://www.elcorreo.eu.org/?Condor-Nouveaux-documents]. Ce dernier a joué un rôle dominant dans la politique étrangère états-unienne entre 1969 et 1977. Il était un énergique supporter des régimes militaires latino-américains. «Kissinger a donné l’ordre aux ambassades des États-Unis dans la région de ne pas intervenir dans les crimes qui alors se commettent dans le cadre du Plan Condor.» comme le rapporte le quotidien argentin Pagina 12, 11 avril 2004.
En tout état de cause, si ce procès prononce des jugements à l’encontre des accusés, des mandats d’arrêts internationaux devront être lancés. Les associations et organisations politiques concernées par ce procès seront les mercredis 8 décembre, lundi 13 décembre et jeudi 16 décembre de 11h à 14h sur la Place Saint-Michel à Paris, à défaut d’autorisation préfectorale de manifester en face du Palais de Justice de Paris, sur l’île de la Cité, pour informer du déroulement du procès.
(5 décembre 2010)
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