Cesar Benjamin
Entretien avec César Benjamin:
«construire une alternative au lulisme»
Cet entretien a été conduit par Fred Melo Paiva et a été publié dans le quotidien Estado de Sao Paulo, le 7 mai 2006
Son «Pays idéal» passe par le PT, parti qu’il a quitté en 94, quand il a commencé à sentir l’odeur du «caixa 2» [1]
Il y a environ un mois [débuit avril], César Benjamin a reçu la nouvelle selon laquelle le PSOL, le Parti du Socialisme et de la Liberté, était en train de réfléchir à son nom pour être candidat à la vice-présidence aux côtés de Heloisa Helena, candidate elle à la présidence. Une réunion entre les 101 fondateurs du parti [organe de direction jusqu’au futur Conbgrès du PSOL] a alors donné corps à l’idée. Puis, au cours de ces trois dernières semaines, sa candidature a été confirmée. «Il y a encore des consultations à organiser», nuance Benjamin, pour qui cette invitation serait «un joli geste en un moment où la politique brésilienne est très laide» [2]. Il ajoute: «Je ne suis leader d’aucun groupe, je n’ai pas de désirs ni de schémas, je n’ai jamais été candidat à aucune charge élective et je ne suis pas une célébrité. Je n’ai que des idées à offrir sur le Brésil.»
César Benjamin, 52 ans, est le directeur de la maison d’édition Contraponto, qui a publié ses deux derniers livres: L’Option Brésilienne (1998) et Le Bon Combat (2004). Avec une formation «erratique», selon ses propres termes, il est capable de parler aussi bien sur l’histoire de la pensée économique, que sur la macroéconomie, le journalisme scientifique, l’environnement ou les sciences sociales – et il a en effet eu l’occasion de donner des cours sur chacun de ces sujets. Il est docteur honoris causa de l’Université Bicentenaire de Aragua, au Vénézuela. Il a étudié les Lettres à l’Université de Stockholm, en Suède [lors de son exil]. C’est une tête pensante capable de conférer de l’étoffe au tout jeune PSOL.
Benjamin était membre du PT. Il en a été l’un de ses fondateurs et constitue une figure historique dans la lutte contre la dictature. Il n’avait en effet que 15 ans lorsqu’en tant que leader étudiant à l’école secondaire, il a été incarcéré dans une unité de détention de l’armée; il n’en est sorti que trois ans plus tard pour être mis en prison. A l’âge de 23 ans, il a été expulsé du pays. Il y est retourné clandestinement peu avant l’Amnistie, en 1978. Jusqu’en 94, il a fait partie de la direction du Parti des Travailleurs. Il s’en est détaché quand, dans la campagne électorale de cette année-là, il a perçu une pratique systématique évidente et claire de «caixa 2». Il est bon d’entendre ce que César Benjamin dit. Voici dix de ses idées pour le Brésil:
GARANTIR L’ALTERNANCE AU POUVOIR
«Au cours des trois dernières années, la politique brésilienne nous a amenés à vivre très dangereusement. Jusqu’il y a peu de temps, les conservateurs dominaient les gouvernements, mais leur projet était contesté par les forces hégémoniques de l’opposition conduites par le PT. Aujourd’hui, les conservateurs détiennent l’hégémonie au sein du gouvernement Lula et également au sein du principal courant de l’opposition, la coalition PSDB-PFL (Parti de la social-démocratie brésilienne et Parti du front libéral). Si cette alliance ignoble se consolide, alors l’alternance au pouvoir perdra tout son potentiel transformateur, comme cela est le cas aux États-Unis. C’est le rêve de tout stratège politique que de pouvoir, dans un système stable, contrôler à la fois la situation [le gouvernement en place] et l’opposition à cette situation. Nous avons le devoir d’empêcher que cette opération réussisse, pour qu’il puisse y avoir des projets qui s’affrontent. La société brésilienne a besoin de cela.»
CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE AU LULISME
«Nous sommes en train d’assister à la fin d’un cycle d’existence de la gauche brésilienne. Je ne veux pas dire par cela que le PT va disparaître, ni que Lula ne puisse être réélu massivement, comme l’ont été Collor et Fernando Henrique. Je ne parle pas de Ibope [de résultats émis par un organisme de sondage d’opinion], mais d’Histoire. Lula rabaisse systématiquement l’horizon politique et culturel du peuple brésilien, et il a besoin de ce rabaissement pour se maintenir au pouvoir. Seul un peuple rendu médiocre accepte de vendre sa conscience par peur de perdre un revenu familial de 60 Reais mensuels en moyenne. Un peuple cultivé et organisé, ou en processus d’apprentissage et d’organisation, connaisseur de son propre potentiel humain, exigerait beaucoup plus. Le lulisme n’a pas de futur, parce qu’il n’est ni en train de produire des idées pouvant être multipliées, ni un peuple plus conscient, ni une jeunesse plus mobilisée, ni des institutions républicaines plus avancées. Quand il perdra, que ce soit cette année ou dans quatre ans, il ne survivra pas. Pour se maintenir vivants, les mouvements ont besoins d’idées et d’utopies. Les machines vides se démantèlent avec facilité. Beaucoup de gens se sont déjà rendus compte de cela, mais la construction d’une alternative prend du temps. Le PSOL sait qu’il ne constitue qu’une des facettes de cette alternative et que la campagne électorale n’est qu’un moment d’un processus de reconstruction plus large.»
DEMOCRATISER NOTRE DEMOCRATIE
«En cas de victoire aux élections, affronter les lobbies est facile. Mais en intégrant l’orientation de changer radicalement le mode de fonctionnement du système politique brésilien, notre défi sera beaucoup plus grand. Depuis de nombreuses années déjà, des forces de nature supranationale [institutions financières internationales, entre autres], représentant les rentiers créanciers de la dette publique, contrôlent directement deux institutions clés: le Ministère de l’Économie et la Banque Centrale. A partir de ces positions, ces forces définissent les politiques monétaires et budgétaires et commandent la mise en œuvre du Budget de l’Union [le Brésil est une République fédérale], subordonnant à leurs exigences l’État national. Des forces de nature «sous-nationale» se présentent dans le jeu politique principalement au travers de groupes d’intérêts représentés au Congrès National – tels que celui de l’agro-business, de la construction civile, des écoles privées, etc. A partir de ces groupes d’intérêts, ces forces négocient leurs intérêts avec l’Exécutif, dont le noyau est dominé par le système financier. Et le «petit peuple pauvre» quant à lui bénéficie de «politiques compensatoires». En fonctionnant ainsi, notre système politique en vient à constituer un obstacle à la construction d’un projet national consistant. Il trahit les espérances de ceux qui croient en une redémocratisation du pays. Notre tâche politique principale sera de démocratiser notre démocratie, dans les faits. Ou, si l’on veut, de républicaniser la République».
CESSER D’ETRE OTAGE DU SYSEME FINANCIER
«Au cours des dernières années, environ 40% des ressources de l’Union ont été utilisées pour le service des diverses dettes financières ; bien moins du 5% restant disponible pour les investissements. La disproportion existant entre les dépenses d’investissement et le service de la dette est choquante. Deux mois de paiement des intérêts correspondent aux dépenses annuelles du Système Unique de Santé. Un mois correspond aux dépenses annuelles de l’éducation. Quinze jours, aux ressources allouées au Programme Bourse Familiale [programme mis en place par Lula, selon la logique de la Banque mondiale du «filet de sécurité pour les plus pauvre»] qui a remplacé presque tous les programmes sociaux antérieurs. Un jour de paiement d’intérêts dépasse largement l’argent destiné en une année à la construction d’habitations populaires. Une minute correspond à l’allocation annuelle de ressources à la défense des droits humains. C’est un désastre. Le pays ne peut fonctionner ainsi. Et ne venez pas avec des élucubrations techniques. J’ai assez étudié l’économie pour ne pas avoir peur de ce type d’arguments. Tout discours qui justifie ce que je viens de décrire est avant tout immoral.
«J’aimerais encore vivre dans un pays dans lequel les ministres de l’Éducation, de la Culture et des Sports soit plus importants que le ministre de l’Économie. L’énorme importance accordée à ce dernier est un signe de la crise dans laquelle nous nous trouvons. Cela se produit parce que nous vivons écrasés par les variables d’une ‘macroéconomie du court terme’ qui se nourrit de son propre échec. Plus on recourt à la macroéconomie, plus forte est la crise ; et plus forte est la crise plus on recourt à la macroéconomie. Pour sortir de ce piège, il faut d’abord prendre une décision de nature politique: l’État national brésilien ne doit plus être l’otage du système financier.»
DEMONTER l’ENGRENAGE DE LA CONCENTRATION DE LA RICHESSE
«Un nouveau ministre de l’Economie devra démonter, rapidement, les engrenages qui perpétuent la plus grande anomalie de l’économie brésilienne, qui est la coexistence de deux types de monnaie: la monnaie commune, celle à laquelle tous ont accès et qui se dévalorise selon le taux d’inflation; et la monnaie financière, qui jouit de la même liquidité que la monnaie commune, mais qui «fait l’objet de transactions» tous les jours, et qui rapporte des intérêts bien au-dessus de l’inflation. Seuls les plus riches et les banques ont accès à cette monnaie, ce qui constitue de loin le principal mécanisme de concentration de la rente nationale. Pour démonter cela, nous aurons besoin d’allier la compétence technique, par l’établissement d’un nouveau mode opératoire pour la Banque Centrale et pour le Ministère de l’Économie, et la capacité de leadership politique de la Nation.»
RENDRE A LA BANQUE CENTRALE LE PLEIN CONTRÔLE DES TAUX D’INTERETS
«Quand on coupe dans les budgets de l’éducation ou de la santé, personne ne parle en termes de «dette». On utilise ce terme exclusivement pour défendre la très haute rentabilité du capital spéculatif. Celui-ci est de fait devenu beaucoup plus puissant, dans la mesure où la Banque Centrale a renoncé à effectuer tout contrôle sur les diverses formes de fuite de capitaux vers l’étranger. Ce processus a commencé sous du gouvernement Collor et s’est achevé avec le gouvernement Lula. Comme il n’y a plus de contrôle, les investisseurs financiers peuvent menacer de fuir à tout moment vers le dollar, déstabilisant ainsi le taux de change et menaçant le fonctionnement de l’économie réelle. Avec cela, ces investisseurs parviennent à imposer à l’État brésilien une prime élevée en échange de leur acceptation de rester avec leurs actifs libellés en reais. Cette prime, ce sont des taux d’intérêt suffisamment attractifs, qui constituent un multiple du taux de base payé aux actifs libellés en dollar dans le système international.
«Une fois rétablie la discipline dans ce domaine – comme cela a existé sous différentes formes depuis le début le début des années 1930 jusque vers 1992 et comme cela est d’ailleurs pratiqué aujourd’hui par de très nombreux pays – la Banque Centrale retrouvera le plein contrôle sur la fixation des taux d’intérêts, réduisant ces derniers sans difficulté à un niveau compatible avec la réalité internationale, l’équilibre des finances publiques et la reprise de la croissance économique. Si le marché financier devait alors refuser les taux plus bas ainsi offerts, en renonçant à acquérir des titres publics, alors la Banque Centrale achèterait simplement les titres échus ou arrivant à échéance en injectant des liquidités dans le marché interbancaire. Les banques accepteront rapidement les nouveaux taux offerts, pour une question de rationalité économique. Puis, une fois que la course au dollar aura été éliminée, ils n’auront pas à leur disposition de meilleures alternatives.
«Tout cela la Banque Centrale peut le faire, tout en agissant dans le cadre des lois en vigueur. Le Brésil découvrira alors que dans les 15 dernières années – depuis Collor jusqu’à Lula – il a offert quelques milliards de reais au système financier sans qu’il n’y ait la moindre nécessité à cela. Or, ce sont les ressources qui manquent pour développer le pays. A la limite, si les spéculateurs décidaient de s’affronter à la Banque Centrale, en exigeant la continuation des paiements incompatibles avec notre existence et notre dignité, ce serait alors au peuple de devoir prendre position dans cette confrontation. Et qui est-ce qui gagnerait alors selon vous?»
COMBATTRE LA PAUVRETE PAR L’EDUCATION ET LE DEVELOPPEMENT
… et par «des réformes sociales, un développement économique et l’extension des services publics essentiels, parmi lesquels l’éducation. Le plus grand patrimoine d’un pays est son peuple. Le plus grand patrimoine d’un peuple, ce sont ses capacités culturelles. Mais un projet qui priorise cela est incompatible avec la prédominance des politiques macroéconomiques à court terme. Le capital financer qui nous domine est rapide, malin, mobile et centré sur des opérations à court terme. La Nation, elle, ne peut pas se subordonner à cette logique. Cette nation possède un territoire, une histoire, une culture et des institutions permanentes. Et, avant tout, elle «possède» des gens. Elle existe dans un temps historique qui ne se confond pas avec le temps rapide de la spéculation financière.»
CONSTRUIRE UN NOUVEAU PROJET DE CIVILISATION
«Je suis socialiste et j’adore le Brésil. Je désire que notre pays réussisse. Nous possédons des ressources de toutes sortes, une capacité technique, un énorme potentiel culturel et un peuple merveilleux. Nous pouvons construire ici un projet civilisateur nouveau, plein de joie, de métissage, de tolérance et de spiritualité.»
TRANSFORMER LE BRESIL EN UNE NATION POUR ELLE-MEME
«A l’origine, nous avons été des groupes déracinés – des Indiens sans tribu, des Blancs déseuropéanisés et des Noirs désafricanisés, puis des gens du monde entier, utilisés comme force de travail par le capitalisme mondial. Peu à peu nous avons constitué un peuple nouveau qui n’existait pas il y a relativement peu de générations. Et c’est bien comme cela. Nous formons un peuple fils de la modernité, métis, ouvert au futur, un peuple qui a produit une culture de synthèse et qui s’est forgé une identité. C’est là notre grande réussite. Mais, jusqu’à aujourd’hui, nous avons aussi subi un grave échec: notre peuple n’a jamais été aux commandes de sa propre nation. C’est là que réside l’impasse brésilienne, et elle devient de plus en plus radicale. Nous sommes 190 millions de personnes, dont 83% vivent dans des villes et 33% dans à peine plus de neuf régions métropolitaines. Le Brésil ne peut plus s’organiser, comme il l’a toujours fait jusqu’ici, comme une entreprise qui profite à une minorité infime et qui est contrôlée depuis l’extérieur, s’il ne veut pas devoir payer un coût humain très élevé et croissant, qui peut le conduire à l’anomie et à la désintégration. C’est l’heure de refonder le Brésil, en faisant de l’entreprise-pour-les-autres qu’il a toujours été jusqu’ici une nation-pour-elle-même. C’est ce que nous désirons être.»
SAVOIR RECOMMENCER
«Je suis toujours en train de recommencer. Heidegger se réfère souvent au regard qui calcule, qui mesure, et qui a toujours en vue un but instrumental. C’est le regard typique du monde du commerce, qui vise le profit, et celui de l’activité politique, qui a pour but le pouvoir. Cette caractéristique était déjà présente dans la tradition de la gauche elle-même, mais elle est devenue caricaturale avec l’hégémonie du lulisme, qui n’a aucun contenu. C’est là que le calcul, qui en soi constitue déjà quelque chose de problématique dans les relations humaines, dégénère alors en pure ruse. Je ne partagerai jamais cette façon d’être-dans-le-monde, ne serait-ce que pour la simple raison que les personnes qui vivent de cette manière sont très malheureuses. Je vis selon mes principes, j’essaie de conserver une existence spirituellement riche et diversifiée, je suis toujours préparé à perdre. Presque toujours, ce sont les perdants qui font avancer l’histoire: Jésus, Zumbi [3], Tiradentes [4] … Qui se rappelle donc ceux qui les ont mis en échec ? Ceux qui veulent le pouvoir à tout prix finissent par ne plus avoir aucune importance.»
Notes
1. Allusion aux «caisses secrètes» des partis politiques et des hommes politiques qui permettent des transferts d’argent pour les campagnes électorales ou pour acheter des votes de députés au parlement. En 2005, cette pratique – que le PT institutionnalisé avait développée depuis un certain temps – a été révélée au grand jour. L’année 1994 marque un tournant dans l’évolution du Parti des travailleurs (PT). Une garde rapprochée de Lula se met en place, après la défaite d’octobre (élections présidentielles), afin de créer des organismes (par exemple, l’Institut de la citoyenneté) qui permettent de «détacher» du PT la future candidature de Lula et d’opérer des alliances avec des secteurs de la classe dominante. Tout cela pour assurer une victoire électorale. (NdR)
2. Cette proposition de candidature de César Benjamin à la vice-présidence aux côtés d’Héloisa Helena – candidate présidentielle du PSOL, appuyée initialement par le PSTU – a ouvert un débat entre le PSOL et le PSTU (Parti socialiste des travailleurs unifié). Ce dernier proposait et propose comme candidat à la vice-présidence d’une liste commune un dirigeant syndical et politique connu: José-Maria de Almeida. (NdR)
3. Zumbi est le dernier dirigeant du Quilombo dos Palmares qui se trouvait dans l’actuel Etat d’Alagoas, dans le Nordeste du Brésil. Un quilombo est une sorte de refuge pour les esclaves ayant échappé à leurs maîtres. Le Quilombo dos Palamares avait une superficie proche de celle du Portugal actuel. Face aux attaques des Portugais, cette «république» avait développé des capacités de résistance militaire. Zumbi est né en 1655 dans le Quilombo, donc libre. Il fut capturé et éduqué par un missionnaire. Il fut donc baptisé et «civilisé». En 1670 il s’échappa et retourna à Palmares. A l’occasion d’une tentative de conciliation entre le dirigeant du Quilombo, Ganga Zumba, et le gouverneur militaire de Pernambuco, Zumbi refusa que la «liberté soit octroyée» aux habitants de Palmares en échange d’une soumission de la région aux autorités portugaise, cela alors que le règne de l’esclavage continuait pour le reste de la population noire. Zumbi prit la direction du quilombo. En 1694, une offensive militaire d’envergure fut lancée contre la principale colonie du quilombo. Blessé Zumbi échappa, mais trahi, il fut capturé et décapité le 20 novembre 1695 ; sa tête fut exposée sur la place centrale de Recife pour administrer la preuve qu’il n’était ni invincible, ni immortel. Le 20 novembre est une date qui a aujourd’hui un sens important pour la population noire du Brésil. (NdR)
4. Tiradentes, de son nom Joaquim José da Silva Xavier (1746-1792) est considéré comme des martyrs de la lutte pour l’indépendance du Brésil. (NdR)
case postale 120, 1000 Lausanne 20
Pour commander des exemplaires d'archive:
Soutien: ccp 10-25669-5
Si vous avez des commentaires, des réactions,
des sujets ou des articles à proposer: