Brésil

Le New-PT de Sao-Paulo: sa candidate, Marta Suplicy, actuelle maire de SP.

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Les élections municipales et le PT. Dans l'attente du 31 octobre

 

 

Nous publions ci-dessous deux contributions de militants brésiliens membres du P-SOL (Parti Socialisme et Liberté).  Le premier, Ricardo Antunes, est sociologue et professeur à l'Université de Campinas. Le second, Milton Temer, est un ancien député fédéral du PT.  C'est un journaliste connu.  Ces deux contributions portent, d'une part, sur le premier tour des élections municipales qui se sont déroulées le 3 octobre et, d'autre part, sur les questions que seraient censés se poser les membres du PT qui se situent et se considèrent à gauche de l'actuel gouvernement Lula. Avant de donner à lire ces articles, nous voudrions fournir quelques informations utiles à leur compréhension.

Déplacement au centre, la politique a perdu

Le trait certainement le plus caractéristique des élections municipales a été résumé par le sociologue Francisco De Oliveira: " Quantitativement ce fut le PT [qui sorti gagnant des élections]. Le deuxième fut le PSDB [Parti de la Social-démocratie Brésilienne - parti de l'ex président Cordoso et aujourd'hui de José Serra].  Néanmoins le PMDB (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien) continue à contrôler la majorité des mairies du Brésil [au nombre de plus de 5500]. Toutefois, du point de vue de l'éventail politique c'est le centre qui a gagné... Cela signifie une perte d'importance de la politique.  La politique comprise comme ce qui constitue la différence, l'affrontement (le dissensus), et non pas le consensus harmonieux.  C'est la politique qui disparaît avec la victoire du centre.  Le PMDB[Parti qui a assuré pour la bourgeoisie la transition de la dictature militaire à la "république démocratique"] se situait déjà depuis longtemps au centre; le PT était par le passé à gauche; et le PSDB, qui, à ses débuts, était de centre-gauche, s'est dirigé vers le centre.  Dans cela, c'est la politique qui perd.  Examinez seulement les arrangements en cours pour le second tour à Sao Paulo (SP)."   (in Correio das Cidadania) F. de Oliveira fait référence, dans sa dernière remarque sur SP, aux accords qui ont été passés entre Marta Suplicy, la maire PT de Sao Paulo, et Paulo Maluf, une des figures de la droite bourgeoise dure et clientélaire brésilienne. Maluf est arrivé troisième lors du premier tour des élections municipales.  Maluf a été maire de Sao Paulo de 1993 à 1996.  Selon le quotidien Folha de Sao Paulo (3 octobre 2004: "La Suisse a déjà envoyé au Brésil 20 kilos de documents bancaires en rapport avec les comptes attribué à Maluf et au membres de sa famille dans ce pays."  Voilà une illustration du degré de corruption de ce politicien traditionnel de droite, âgé de 73 ans.  Et c'est avec lui que Marta Suplicy a passé un accord afin de tenter d'obtenir une majorité au second tour des élections municipales, le 31 octobre 2004.

Anecdote helvétique

Pour l'anecdote, on peut indiquer que Jean Ziegler, ambassadeur extraordinaire auprès de l'ONU, a envoyé un chaleureux message de soutien au: "Formidable combat mené par Marta",un combat qui, selon Jean Ziegler, est d'autant plus méritant que: "Les forces réactionnaires s'uniront contre elle (Marta) et son programme de justice social et de progrès."  Espérons que le camarade Jean Ziegler, spécialiste du Brésil, n'était pas au courant de l'alliance entre le PT et Maluf lorsqu'il envoya ce message le 20 octobre 2004. Il peut être lu sur le site www.martaprefeita.com.br ; le site du PT l'a repris)

En vue du FSM

Les élections municipales ne représentent pas des élections présidentielles anticipées.  Toutefois, elle indiquent des tendances.  Et l'on s'aperçoit qu'une réorganisation s'opère autour de deux grands pôles. Le PSDB d'une part: à l'échelle nationale il totalise le 16,54 % des votes. C'est le nouveau parti de la droite brésilienne qui a été profilé par les deux présidences de Fernando Henrique Cardoso (1995-2002). Le PT de Lula d'autre part ; globalement il a coagulé 17,15% des votes au premier tour.  Cela indique la mise en place - certes loin d'être encore stabilisé et accompli - d'un possible système d'alternance au centre, centre-gauche ou centre-droite.

Le 31 octobre 2004 la bataille politique municipale à résonance nationale se fera à Sao Paulo.  C'est là que s'affronteront José Serra et Marta Suplicy.  Cette dernière part avec un désavantage marqué.  Elle a obtenu 33,4% des voix au premier tour, cela malgré l'appui répété de Lula et l'identification complète de la figure de proue du PT pauliste avec la politique social-libéral du gouvernement Lula.  José Serra a obtenu 40,6 % des voix au premier tour.  Il faut rappeler que José Serra a été battu par Lula da Silva aux élections présidentielles de 2002.

Au plan international, une élection municipale va attirer particulièrement l'attention.  Celle qui se déroulera à Porto Alegre, ville secondaire (1,4 millions d'habitants) du Brésil, capitale de l'Etat de Rio Grande do Sul (RS) ; mais c'est une région de forte implantation du PT.  Dans quelque trois mois se tiendra à Porto Alegre, le Forum social mondial, du 26 au 31 janvier 2005.  Raul Pont, un des initiateurs du "budget participatif" a obtenu au premier tour 37% des voix.  Dans cette ville le déclin électoral du PT est marqué.  Pour rappel, Raul Pont réunissait 52% des votes en 1996.  Il fut donc élu maire au premier tour.  En 2000 Tarso Genro (ex-gouverneur de l'Etat de RS et actuel ministre de l'éducation du gouvernement Lula) avait obtenu 48,7%, au premier tour. Il fut élu au second tour. La baisse des votes obtenus se situe donc à hauteur de 15 % par rapport à 1996, si l'on prend le premier tour.

 Les enquêtes d'opinion (IBOPE et SEPA-UFRGS donnaient, 15 jours avant le deuxième tour, 41% des intentions de vote à Raul Pont et 51,4% à son adversaire de droite José Fogaça. Depuis lors, d'autres enquêtes indique que la fourchette est plus étroite: 44,3% pour Raul Pont (dans le quotidien de Porto Alegre Zero Hora) et 45,1% pour Fogaça.

Ce dernier est considéré comme un proche du gouverneur néolibéral, déconsidéré, de l'Etat de Rio Grande do Sul durant la période 1994-1998: Antonio Britto.  Il n'est pas certain que Fogaça gagne la mairie. 

Toutefois les efforts de Raul Pont pour élargir les alliances à droite ne lui fournissent pas une assurance de victoire.  Raul Pont est un des dirigeants historiques du courant Démocratie Socialiste, courant qualifié comme la gauche du PT. Un ministre du gouvernement Lula, Miguel Rossetto - ministre du Développement Agraire (réforme agraire) - traduit, par ailleurs, l'intégration dans la machine gouvernementale de Lula du courant Démocratie Socialiste. Ce processus s'est socialement et politiquement développé dans l'Etat de RS.

Raul Pont a indiqué que, contrairement à certaines interprétations sa "victoire à Porto Alegre renforcerait encore plus le projet de changement représenté par le gouvernement Lula" (lettre adressée à la Folha de Sao Paulo, reproduite sur le site du PT le 20 octobre 2004).

Fortalezza, l'exception ?

Pour terminer il est utile de rappeler la victoire obtenue par Luizianne Lins à Fortaleza (2,2 millions d'habitants), capitale de l'Etat de Ceara, dans le Nord-Est.  Lula et son gouvernement soutenait un candidat du parti d'origine maoïste, le PCdoB (Parti communiste du Brésil) - parti intégrant le gouvernement de Lula - contre la candidature de Luizianne. Elle appartient au courant Democratie Socialiste. 

Suite à l'échec d'Inacio Arruda (le candidat du PcdoB) le gouvernement Lula a changé de tactique et soutient, au second tour, Luizianne Lins. Elle affrontera, le 31 octobre, le député fédéral Moroni Torgan, du Parti du Front Libéral (PFL). Luizianne a été reçue à Brasilia par Lula. Quelles seront ses options futures: continuer dans les rangs du PT? adhérer au P-SOL? s'ériger un statut d'indépendante en vue des élections au poste de gouverneur de l'Etat en 2008? C'est, au fond, une des questions que pose Temer dans son article.

Echec historique

C'est à Rio de Janeiro (ville de 6 millions d'habitants; la métropole en compte 10,5 millions) que le PT a connu sa défaite historique la plus cuisante.  Son candidat, Jorge Bittar, qui occupe un poste de secrétaire du gouvernement Lula, est arrivé en cinquième position avec 6% des voix.

Pour ceux qui connaissent l'ambiance électorale brésilienne, il faut mettre en lumière deux éléments. Tout d'abord, le PT, comme les autres formations politiques, a largement utilisé, pour faire sa propagande, de la main-d'oeuvre payée. Ce qui explique, en partie, le peu de présence populaire dans les rues à l'annonce des résultats, même lorsqu'ils étaient favorables aux candidat·e·s du PT.  Ensuite, la campagne a été conduite selon les règles du nouveau marketing politique qui s'imposa, sous la houlette de Mendonca, à l'occasion de la campagne présidentielle de 2002. Forme et contenu, un vieux débat. (cau)



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Victoires et défaites électorales

Dans la kyrielle de formations politiques en liste pour les élections locales, on trouve encore les vieux sigles.

Ricardo Antunes *

Après le premier tour et en attendant le second, il nous est encore permis de faire quelques considérations sur les élections municipales. Beaucoup ont déjà affirmé que le PT et le PSDB1 ont gagné le premier tour ; ces partis étant enracinés socialement dans des réalités très différentes mais de plus en plus proches politiquement. En bonne partie, cela correspond à la réalité, mais il faut aller plus loin.

Ces deux partis se trouvent actuellement au centre politiquement. Ainsi, les différences à gauche ou à droite entre eux sont très peu significatives. La meilleure preuve est la situation du PT à São Paulo, où ce parti va jusqu'à comploter avec le «néfaste» Paulo Maluf2, en essayant de s'agripper à son dernier «espoir» pour tenter de battre José Serra3 du PSDB - ce qui apparaît chaque jour de moins en moins probable. Si ce nouvel agissement de la sorte de la part du PT ne se heurte pas à une opposition, il marquera sûrement la fin complète du PT en tant que parti qui, un jour, a prétendu être de gauche et le porteur des espoirs des travailleurs des villes et des campagnes. En réalité, le PT et le PSDB songent dans le meilleur des cas à implanter la social-démocratie sous les tropiques, alors que ce courant est mis en déroute dans le pays du centre, où de fait il n'existe plus en tant que tel. Par conséquent, cette idée des deux plus grands partis brésiliens est pour le moins pittoresque et tombe au mauvais endroit, au mauvais moment.

Afin de bien montrer l'ironie de ces comportements politiques, j'évoquerais sans entrer dans le détail les attaques très dures que lancent le PT et le PSDB contre ce qui s'est approché le plus du welfare state au Brésil, à savoir la politique du régime de Getúlio Vargas[4]. Ces attaques ont déjà été perpétrées par Lula depuis presque deux ans, par Fernando Henrique Cardoso pendant ses huit ans de mandat [1995-2002], ainsi que par Fernado Collor [1990-1992, destitué sous l'impact d'une vaste mobilisation populaire], de manière très aventurière et bonapartiste, comme j'ai cherché à le démontrer récemment dans mon livre A Desertificação neoliberal no Brasil (Ed. Autores Associados).

La victoire du PT et du PSDB fait penser que le Brésil se dirige vers le bipartisme [à l'américaine], mais cette thèse ne tient pas encore la route. En effet, dans la kyrielle de formations politiques en liste pour les élections locales, on trouve encore les vieux sigles. Le vieux PMDB[5] n'est même plus un «parti-omnibus». Parmi ses cadres, on trouve des figures comme José Sarney, Orestes Quércia, Jader Barbalho et consorts. Et il pourra peut-être encore accueillir le sénateur de Bahia António Carlos Magalhães. Ce parti se consume un peu à chaque élection, mais il dispose néanmoins encore d'une bonne présence dans les bastions que le PT n'a pas encore réussi à pénétrer. De leur côté, le PFL[6], le PP7 et les petites formations de droite sont en haillons, mais il y aura toujours de l'espace pour toutes les légendes de cette valeur. La même chose se passe avec le PTB8 un «reste» de la politique brésilienne qui vient de retrouver dans les bras de Dirceu [ministre de la présidence]. Nous parlons ici des marécages les plus bourbeux de notre milieu politique.

Le PDT9, sans son plus imminent leader, semble de plus en plus sans naviguer à vue et s'en sortira difficilement en dehors de l'espace politique des faveurs, du clientélisme, etc. Sans son dirigeant Brizola10, il lui reste la fusion avec un groupe politique similaire11. Le PPS12 possède dans ses cadres un peu de tout. Il est toujours plus lointain de sa matrice initiale, le PCB, de qui il a seulement hérité l'opportunisme. De plus, il s'adapte de plus en plus aux magouilles et affaires du milieu politicard. Il a déjà flirter avec le PDT par le passé. Ces deux partis ont des espaces d'intervention de plus en plus identiques, ils flexibilisent leurs objectifs politiques du centre-gauche à droite lorsque les circonstances électorales l'exigent. Un autre parti qui connaît le même chemin est le PSB. De façon générale, ces forces gardent sensiblement le même poids à l'intérieur de l'échiquier politique.

Dans la partie plus à gauche, le PC do B13 fait partie des soutiens inconditionnels au gouvernement du PT. Ce parti se lie structurellement au futur de ce gouvernement, en oubliant que ce gouvernement n'a jamais été - et ne l'a jamais prétendu - un gouvernement de gauche. Parfois, cette formation défend le gouvernement Lula avec plus de conviction que les propres membres du PT, dont l'empreinte idéologique s'est complètement perdue par le passé. Quant au petit PCB, il n'apparaît pas un grand défenseur du gouvernement du PT mais il participe à la machine gouvernementale, comme on dit dans le jargon de ses membres. Enfin, le PSTU14 reste un petit parti, courageux, accomplissant sa tâche sans entretenir des rêves électoraux. Il ne plie pas mais ne dépérit pas non plus. Ce parti n'a pas les moyens d'aspirer à une position de haut du tableau dans la gauche, mais effectue une campagne de dénonciation des mensonges du gouvernement.

Tout cela montre qu'il existe un espace pour quelque chose de nouveau, dont le PT a fait son cheval de bataille dans les années 80 et 90 et qui fait partie du passé aujourd'hui. Cette question fera l'objet d'une prochaine contribution.

* Ricardo Antunes, sociologue, Professeur à l'Université de Campinas-Brésil, spécialiste de l'organisation du travail, militant du PT, membre du conseil de rédaction de l'hebdomadaire du MSP Brasil do Fato, membre des comités éditoriaux de Margem Esquerda (Brésil), Herramienta (Argentine) et Latin American Perspectives (États-Unis). Il écrit une chronique d'opinion le jeudi chaque deux semaines dans le Jornal do Brasil.


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Quel avenir pour la gauche du PT ?

Milton Temer *

Cette question surgit à partir du bilan du premier tour des élections locales et de la politique d'alliances que les grands partis sont en train de mettre sur pied pour le deuxième tour. Quel chemin doivent prendre les militant·e·s du PT qui sont désormais convaincus du tournant de leur parti et qui ne peuvent pas accepter de voir que les objectifs majeurs qu'ils poursuivaient sont devenus l'instrument de la poursuite du néolibéralisme dans notre pays ?

Ces militant·e·s du PT ont appris par le biais de nouvelles méthodes de campagne électorale ou par des émissions de télé le changement dans le genre d'électeurs que le PT recherche actuellement. Ils ont pu constaté que l'organe de coordination de la campagne appartient au passé et a été aujourd'hui remplacé par le publicitaire de service. Ils savent aussi que les programmes approuvés en Congrès ou lors des rencontres municipales, cantonales ou nationales, n'ont aucune valeur. En effet, le publicitaire qui s'occupe désormais de la campagne n'a aucun intérêt dans ces documents. Ce qui l'intéresse est de trouver la meilleure formule publicitaire pour transmettre un message vide, limitée à des propositions de gestion de la situation actuelle basées sur une vision typiquement entrepreneuriale. Cette campagne est montée avec les mêmes méthodes que celles appliquées à des partis de droite lors d'autres scrutins électoraux, pour lesquels ces mêmes publicitaires ont travaillé.

Et cela n'arrive pas par hasard. C'est la conséquence directe de l'appui inconditionnel du parti (PT) au Gouvernement - sans aucune médiation critique. Au contraire, le PT est devenu le pôle le plus conservateur parmi les partis qui appuient le gouvernement.

Dans cette situation, il est évident que le PT a récolté des voix des classes moyennes. Ce parti part à la conquête de cet l'électorat de «sens commun» avec celui qui lui ressemble le plus, le PSDB (Parti de la social-démocratie brésilienne, de l'ancien président F.H.Cardoso).

Et la gauche organisée ? Celle qui a représenté l'avant-garde dans la mobilisation de la partie majoritaire des 52 millions de Brésiliennes et Brésiliens qui ont élu Lula et qui avait une perspective de rupture avec le modèle précédent ?

Cette gauche est blessée. Elle a avalé les alliances «illégitimes» et les reculs programmatiques et a dû constater que le parti paie une immense légion de pauvres gens afin de suppléer à l'absence de véritables militant·e·s.

Cette couche de la gauche a survécu uniquement où elle a su défendre sa dignité. A Fortaleza, par exemple, où Luizianne Lins a passé outre le sabotage de la direction nationale du PT et même du Gouvernement (un enregistrement de Lula en train d'appuyer le candidat du PC do B, Inácio Arruda, n'a pas passé à la télévision uniquement parce que les représentants locaux du PT ont porté plainte auprès de la justice) et s'est imposée dans la course au deuxième tour.

A Rio par contre, la situation ne pourrait pas être plus triste pour la gauche du PT. En effet, le candidat Cesar Maia s'est transformé dans un représentant du Gouvernement, un caporal parmi les candidats qui soutiennent le changement idéologique.

Voici une question concrète: comment cette gauche va-t-elle se positionner lors des présidentielles de 2006 ? Est-ce qu'elle appuiera les politiques compensatoires du «monétarisme néo-luliste» contre le «développementisme» de la social-démocratie ? Il ne faut pas oublier que, lors de ces élections municipales, pour lesquelles la participation de candidats combatifs a encore été possible, des intellectuels de premier plan, à São Paulo et à Belo Horizonte, ont publiquement annoncé qu'ils voteraient blanc. La cause est très simple: pour ces personnes le PT et le PSDB ne font aucune différence. Jusqu'en 2006, quelle ampleur connaîtra cette forme de protestation si une alternative réelle ne voit pas le jour ?

C'est dans cette direction que doivent réfléchir celles et ceux qui restent fidèles aux promesses de justice sociale et de radicalisation du processus démocratique. Le Brésil n'est pas les Etats-Unis. Ce pays ne permettra pas très longtemps le maintien au pouvoir d'un spectre politico-partisan limité aux sigles et aux leaders des partis qui, dans l'essentiel sont d'accord entre eux et qui sont seulement intéressés par la conquête de l'appareil de l'Etat. Au Brésil, des objectifs plus élevés doivent surgir, au-dessus des intérêts électoraux individuels et de la seule préoccupation de maintenir les postes gagnés. L'échéance est fixée à 2005.

* Milton Temer a publié cet article dans Jornal do Brasil, le 12.10.2004

Notes du traducteur

1 Parti de la Social-Démocratie Brésilienne, du président précédent Fernando Henrique Cardoso. (NdT)

2 Candidat à la Mairie de São Paulo du Parti Progressiste (PP), battu au premier tour, qui soutient Marta Suplicy (PT) au second tour contre José Serra (PSDB). Le Parti Progressiste soutient le gouvernement au Congrès. (NdT)

3 José Serra, dans sa jeunesse militant d'Ação Popular (organisation d'origine catholique, devenue maoïste) et président de l'Union nationale des étudiants, exilé après le coup d'État militaire de 1964. Revenu au Brésil en 1979 (amnistie), militant du MDB (parti de l'opposition légale à la dictature), puis du PMDB, il est un des fondateurs du PSDB. Au sein du gouvernement de FHC il est apparu comme un "critique interne" du néolibéralisme gouvernemental, se réclamant du "néodéveloppementisme" (le "développementisme" des années 50-60 à la sauce néolibérale). (NdT)

4 Getúlio Dornelles Vargas (1883-1954). (NdT)

5 Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (O Partido do Brasil) - dont le leader, José Sarney, actuel président du Congrès, a été, par le passé, président du Brésil. Cela pour assurer une transition, à la sortie de la dictature, lorsque Tancredo Almeida Neves lui a passé le témoin, en mars 1985. Sarney était son vice-président. Le PMDB disposait jusqu'aux élections d'octobre, de 77 députés fédéraux, de 23 sénateurs, de 6 gouverneurs, de 1'226 maires, de six millions d'affiliés et de 15 millions de sympathisants. (NdT)

6 Parti du Front libéral de António Carlos Magalhães. (NdT)

7 Parti Progressiste (voir note 2). (NdT)

8 Parti Travailliste Brésilien, participe à l'actuelle coalition gouvernementale. (NdT)

9 Parti Démocratique Travailliste. (NdT)

10 Leonel Brizola (1922-2004), décédé le 21 juin 2004. (NdT)

11 Le PDT et le PPS (voir ci-dessous) ont publié le 22 septembre dernier un communiqué commun indiquant leur alliance au niveau électoral, selon les circonstances des scrutins. (NdT)

12 Parti Populaire Socialiste, issu de l'ancien Parti Communiste Brésilien (pro-Moscou), qui a connu une évolution similaire à celle des Démocrates de gauche (DS) d'Italie. En 1994 le PPS avait soutenu la candidature de Lula, mais depuis il a adopté une attitude de plus en plus ambiguë pendant le gouvernement de F.H. Cardoso. Lors de la présidentielle de 1998, Ciro Gomes avait obtenu 10,97% des voix (derrière Lula - 31,71 % - et FHC - 53,06 %).(NdT)

13 Parti Communiste du Brésil, d'origine maoïste. (NdT)

14 Parti Socialiste des Travailleurs Unifié, d'origine moreniste (du nom de Nahuel Moreno dirigeant trostkyste argentin, décédé), une formation de la gauche radicale qui dispose d'une implantation sociale effective. Le PSTU est la principale force trotskyste au Brésil. Disposant d'une  implantation syndicale significative, universitaire et jeune, il compte plus de 2000 militants fortement organisés. Il est en dehors du PT depuis 10 ans. Lors des élections présidentielles de 2002, son candidat et président national José María de Almeida (Zé María) a obtenu 400'000 voix. Il n'a pas de représentation parlementaire. Il considère le gouvernement Lula comme «un front populaire, de collaboration de classes, donc un gouvernement bourgeois anormal, dans le sens où la majorité de la bourgeoisie, si c'était possible, préférerait et aurait davantage confiance en un gouvernement qui soit directement le sien» (Marxismo Vivo n° 6, novembre 2002). (NdT)

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