Venezuela. La détention des cousins de Cilia Flores et la décomposition du gouvernement

icola Maduro et son épouse: Cilia Flores
Nicola Maduro et son épouse: Cilia Flores

Par Miguel Angel Hernandez

Le gouvernement de Nicolas Maduro est secoué par un nouveau scandale. Cette fois deux cousins [Franqui Flores de Freitas et Efrain Campos Flores] de son épouse, Cilia Flores, ont été arrêtés à Haïti, le mardi 10 novembre, accusés de comploter dans le but d’accomplir des opérations de narcotrafic.

Selon les sources judiciaires en lien avec cette affaire, les détenus étaient en possession de passeports diplomatiques sans pouvoir démontrer être engagés dans le service des Affaires étrangères vénézuélien. On suppose qu’ils se déplaçaient dans un avion de l’entreprise privée Sabenpe, dont les propriétaires sont liés au chavisme. Des journaux ont également publié des articles ayant trait à des infractions propriétés en rapport avec les Flores en République Dominicaine.

L’incident s’est produit à peine deux jours avant que Maduro ne se rende au Conseil des droits humains de l’ONU, et quelques jours après la défection du procureur dans la procédure contre Leopoldo Lopez, le dirigeant de la MUD [Mesa de la Unidad Democratica].

Quelques semaines plus tôt avait également éclaté le conflit entre Rangel Gomez, le gouverneur de Bolivar [un des 23 états du Venezuela dont la capitale est Ciuda Bolivar et occupé par 1,5 million d’habitants], et Lopez, le maire de la municipalité de Caroni [un des 17 municipalités de l’état de Bolivar]. Ce conflit a connu une escalade avec la détention du maire, accusé de corruption.

Tous ces cas sont symptomatiques, ils reflètent la crise du gouvernement. Le navire est en train de sombrer, l’économie plonge [selon la Banque Centrale du Venezuela, pour 2014, l’inflation se situait à 68,5% et une chute du PIB de 4%; pour 2015 ces deux indicateurs sont, respectivement, évalués à plus de 100% et -7%]; les travailleurs subissent des salaires écrasés, ils s’épuisent à attendre dans des queues pour faire leurs achats, ils subissent des licenciements et doivent se contenter de services publics lamentables et de transports chers et dans un état catastrophique.

La situation sociale est potentiellement explosive et ces différents éléments commencent à s’exprimer également au sein du pouvoir politique, parmi les dignitaires du PSUV (Partido Socialista Unido de Venezuela) et jusque dans la famille présidentielle.

Ce sont les purulences d’un modèle politique qui a sombré et est en complète décadence.

A mesure que s’approche l’échéance des élections (6 décembre 2015) – que le gouvernement s’attend de plus en plus à pouvoir perdre – ces expressions de désespoir, d’aiguisement des contradictions internes dans le gouvernement, s’accroissent.

Le fait que le gouvernement n’ait réagi à la détention de deux membres de la famille de Cilia Flores que par l’inertie n’a pas manqué d’attirer l’attention [d’autant plus que les membres de la famille cooptés dans les sphères de l’appareil gouvernemental sont nombreux].

Le gouvernement états-unien – qui est l’ennemi historique du peuple vénézuélien et n’a aucun intérêt à plaider pour les droits effectifs de la majorité populaire – saura désormais qu’il peut faire pression et négocier avec le gouvernement vénézuélien étant donné l’extrême faiblesse de ce dernier.

Et le gouvernement de Maduro, qui n’a pas grand-chose d’anti-impérialiste, sera également disposé à faire de nouvelles concessions au gouvernement états-unien.

Mais ce qui est fondamental c’est la leçon que nous devons tirer en observant ce processus d’implosion du chavisme: celle de la nécessité de construire un projet politique propre de la classe laborieuse, sans se perdre dans un attentisme ni face à la bourgeoisie politique (la bolibourgeoisie), ni face aux politiciens corrompus du «puntofijismo» [référence à l’accord conclu, en octobre 1958, suite à la chute du dictateur Marcos Perez Jimenez entre l’Action démocratique (« social-démocrate»), la Copei (social-chrétienne) et l’Union Républicaine Démocrate], ni de la MUD, ni de l’impérialisme.

La possibilité de construire une alternative véritablement socialiste – sans corrompus ni capitalistes, sans banquiers ni transnationales, sans grands propriétaires fonciers ni entreprises mixtes – est dans nos propres mains. (Article publié le 14 novembre 2015 sur le site La Cl@sse.info; traduction A l’Encontre)

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Miguel Angel Hernandez est le secrétaire général du Parti socialisme et liberté (PSL) et candidat à l’Assemblée nationale pour la circonscription Distrito Capital. Le PSL et Marea Socialista pésentent une liste commune dans l’Etat de Merida.

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