Pérou. Nouvelle offensive du gouvernement et de la multinationale minière de Conga

Manifestation pour l'anniversaire de la lutte contre Conga (1 juin 2013)
Manifestation pour l’anniversaire de la lutte contre Conga (1er juin 2013)

L’une des plus grandes entreprises de destruction environnementale du monde est actuellement en cours à Cajamarca, dans les Andes du nord du Pérou. Le mégaprojet minier Conga va détruire d’importantes sources d’eau dans la région, vient d’être relancé ce mois-ci par le gouvernement du président Ollanta Humala (militaire à la retraite ;il a créé le Parti nationaliste péruvien  et est président de la République du Pérou depuis le 28 juillet 2011) et la société minière transnationale Newmont-Buenaventura-Yanacocha.

Cette décision est très grave parce que, outre la grande catastrophe environnementale qu’elle implique dans le présent immédiat et impliquerait dans le futur, elle peut conduire actuellement, comme ce fut le cas dans un passé récent, à des conséquences humaines tragiques.

Le gouvernement de Lima (la capitale) a donné le «feu vert» pour imposer Conga, mégaprojet qui avait été officiellement «suspendu» devant la résistance de la population. Les effets de l’annonce du gouvernement et de la compagnie minière ne se font pas fait attendre. Le 28 mai 2013, près de 1500 «comuneros», Gardiens des Lacs et autres représentants de la population – qui marchaient dans la montagne pour aller inspecter la relance des travaux – ont été violemment réprimés par la police. Elle n’a pas hésité à tirer sur eux. Cette fois, la victime était le paysan José Guillermo Cueva Huamán, blessé par un tir de chevrotines. Il y a un an, les tirs de la police et de l’armée avaient tué cinq personnes et blessé une cinquantaine, à Celendín et Bambamarca.

Il est clair que, après deux ans de résistance pacifique du peuple de Cajamarca, le président Humala et la compagnie minière ont déjà décidé de ne plus respecter ni principes ni formes et d’imposer le projet Conga par la force.

Pour réaliser ce brutal passage en force, le gouvernement de Lima vient juste d’adopter de nouvelles dispositions qui modifient les lois en vigueur et ouvrent sans restriction les portes aux multinationales, en leur permettant de contourner les règles de protection environnementale et de protection du patrimoine archéologique ainsi que de se moquer du droit à la santé, à la vie et à l’autodétermination de la population affectée.

Mobilisation des Indiens contre le projet...
Mobilisation des Indiens contre le projet…

Nous appelons toutes les organisations sociales, syndicales et politiques en France et en Europe à se prononcer contre ce crime gravissime contre l’humanité, car même s’il se produit dans une région reculée des Andes péruviennes, ses conséquences sont néanmoins planétaires. En effet, la destruction et la contamination des sources d’eau à Conga vont affecter le bassin de l’Amazone et les rivières qui se jettent dans l’océan Pacifique. En fin de compte, non seulement les populations du nord du Pérou paieront les conséquences de l’extractivisme minier sauvage actuel. La France, le Canada (plate-forme minière) la Suisse où réside le «monstre» minier et de trading des matières premières (commodities) – Glencore-Xstrata [1] – et les pays du monde entier sont concernés.

• Pour la légitime défense de l’eau, la santé et la vie face à la mine à ciel ouvert et la lixiviation, techniques destructrices employées par Newmont pour extraire l’or à Cajamarca, Pérou.

• Pour respecter la décision de la population de Cajamarca, qui s’est prononcé à 78% contre l’imposition du projet Conga, et le respect de son droit à décider de sa propre stratégie de développement et de sa propre vision de l’avenir.

• En mémoire de César Medina Aguilar, Joselito Vásquez Jambo, José Antonio Sánchez Huamán, Paulino José Eleuterio García Rojas, José Faustino Silva Sánchez, les cinq personnes tuées en juillet 2012 par les tirs de la troupe dans les villes de Celendín et Bambamarca, et pour la poursuite et le châtiment des responsables de ces meurtres.

• Pour la défense d’El Perol et des autres lacs menacés dans la région.

¡Conga no va, ni hoy ni nunca!

Paris, le 1er Juin 2013.

Comité de solidarité avec Cajamarca

Premiers signataires de l’appel au Rassemblement unitaire:

Comité de Solidarité avec Cajamarca, France Amérique Latine (FAL), France Libertés-Fondation Danièle Mitterrand, Coordination Eau-Ile de France, Mouvement contre le Racisme (MRAP), ALDEAH, Association des Populations des Montagnes de France (APPM), Comité Amérique Latine de Basse Normandie (CAL 14), Collectif d’appui aux luttes du peuple argentin (CALPA), Colectivo de Peruanos en Francia, Association Lupuna, Association Tierra y Libertad, Evaristo Nugkuag (Prix Nobel alternatif, fondateur de AIDESEP), Université Populaire Mariategui (Unipoma)

Syndicats: SUD Solidaires, Emancipation (Tendance Intersyndicale)

Organisations: EELV (Les Verts), PCF, NPA

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[1] Le première assemblée du Groupe fusionné Glencore International (négoce) et de Xstrata (groupe minier) a nommé Anthony Hayward à la tête du groupe, du moins pour une période intérimaire. Anthony Hayward était le directeur général du groupe pétrolier BP. Il avait démissionné après la marée noire dans le Golfe du Mexique qui a pris son essor dès avril 2010. Des restructurations sont en cours. Avec l’objectif de rentabiliser encore plus le groupe face à ladite «volatilité» des prix. Malgré une position oligopolistique, un tel groupe ne peut contrôler complètement les prix en période de chute forte de la demande, par exemple de la Chine. Dès lors, pour maintenir sa marge, la variable «effectif-salaire» est utilisée de manière extractive… de plus-value. (Rédaction A l’Encontre)

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