Pérou: «Conga no va! Agua si! Oro no!»

Par Jean Puyade

Au Pérou, depuis plus de neuf mois, la population de la région de Cajamarca (Andes du centre nord) se mobilise contre le méga projet minier Conga, de l’entreprise multinationale Yanacocha – 51% appartenant à l’entreprise minière étatusunienne Newmont [1] –, projet qui met en péril tout le fragile équilibre environnemental de cette région [2]. Conga no va! Agua si! Oro no! Tels sont les mots d’ordre de cette mobilisation [voir l’article publié sur ce site en date du 28 avril 2012: «Non au projet minier Conga»]. Leur pertinence et leur légitimité sont confirmées par des études environnementales d’experts nationaux et internationaux qui ont alerté le gouvernement et les élus locaux sur les dangers que ferait peser le projet d’exploitation de cette gigantesque mine d’or à ciel ouvert.

La défense de l’eau est au centre du mouvement. Il s’agit de la plus grande et intense mobilisation sociale de ces vingt dernières années au Pérou [3]. Il y a plus de 200 conflits socio-environnementaux causés par l’exploitation minière au Pérou, dont une quarantaine liés à la défense de l’eau. Mais la mobilisation contre le projet Conga est la seule à s’être traduite par deux grèves générales de toute une région (11 jours en novembre 2011), puis celle qui, commencée à partir du 31 mai 2012, se poursuit encore en ce mois de juillet 2012. Cette mobilisation a été à la base de la première marche nationale de l’eau d’Amérique latine – 9 jours en février 2012 – pour faire reconnaître l’eau comme un droit fondamental. Elle a entraîné la chute du premier gouvernement du président Ollanta Humala, en décembre 2011 [4] avec la démission du premier ministre de centre gauche, Salomon Lerner, et la montée, comme nouveau premier ministre, d’un homme de la droite dure, ex-militaire et exploitant de mines, Oscar Valdes, ex-professeur d’Ollanta à l’Académie militaire.

Ollanta Humala, élu il y a à peine un an président, grâce en particulier aux voix des populations pauvres de l’intérieur, auxquelles il promit pendant sa campagne électorale la fermeté contre les transnationales minières et la défense de leur environnement et de leur eau, s’aligne alors ouvertement sur les intérêts des transnationales du secteur minier, renie ses engagements de campagne et choisit la voie de l’affrontement avec la population qui résiste, déclarant l’état d’urgence pour 60 jours, engageant des poursuites contre les responsables du mouvement, déployant les forces répressives (police nationale et armée) contre la lutte pacifique, mais déterminée, menée dans cette région.

Bataille d’expertises

Le gouvernement, manœuvrant, allait adjoindre à ces démonstrations de force l’annonce de la révision de l’«Etude d’impact environnemental» (EIA) élaborée sous le gouvernement précédent de Alan Garcia [juillet 2006-juillet 2011], étude obligatoire avant de démarrer l’exploitation minière.

Démontrant, a contrario, que les inquiétudes et la résistance de la population de Cajamarca étaient bien légitimes, il nomme un groupe d’experts internationaux ayant une feuille de route précise: proposer des améliorations pour que le projet Conga puisse démarrer en mars 2012.

Ecartés du processus de nomination des experts de cette commission, les leaders et autorités régionales contre-attaquèrent en engageant, eux aussi, un expert international américain, Robert Moran. Son rapport, déposé le 9 mars, est négatif contre le projet Conga. Il l’estime non viable. La commission gouvernementale dépose le 17 avril un rapport estimant le projet Conga viable… à condition d’y apporter des améliorations. Après deux mois de «réflexion», l’entreprise Yanacocha accepte les nouvelles conditions et le gouvernement décide alors que les travaux peuvent et doivent commencer. C’est à ce moment que la population de Cajamarca, après s’être mise en état de veille et de résistance, va entrer en grève générale indéfinie à partir de mai.

Le bras de fer s’engage

Humala Ollanta militarise la région, lance ses forces répressives qui harcèlent quotidiennement les habitants et leur résistance. Le 3 juillet, dans la ville de Celendin, elles tuent par balles cinq personnes: quatre travailleurs pauvres protestant contre le projet Conga et un collégien!

Ollanta Humala décrète alors à nouveau l’état d’urgence dans 3 provinces de la région: Cajamarca, Celendin, Hualgayoc. Il multiplie les arrestations arbitraires, fait emprisonner et torturer le «padre» Arana, l’un des leaders importants du mouvement, mondialement connu, fondateur du parti «Tierra y Libertad»…

Humala joue la carte de la peur et de la répression. Mais les manifestations indignées de la population bravent immédiatement l’état d’urgence, montrant la profondeur de la radicalisation de la population, son sentiment que sa dignité a été bafouée et qu’elle a été trompée.

Devant cette réaction, Humala est alors contraint de temporiser et de manœuvrer. Il doit chercher hors de son gouvernement et de l’appareil d’Etat, des «facilitateurs» du dialogue. Il obtient l’accord d’un représentant de l’Eglise, le prêtre Ricardo Cabrejos. Le président du Pérou veut jouer le pourrissement, se donner le temps de diviser et de corrompre, tout en reconnaissant que personne de son gouvernement – et surtout pas son premier ministre – n’est en mesure de jouer le rôle de médiateur.

En fait l’état d’urgence a échoué. La peur ne s’est pas imposée!

Certes la «commission de dialogue» a été acceptée par la population de Cajamarca, convaincue de son bon droit et dans la mesure où elle n’est pas dirigée par un membre du gouvernement. Elle y a désigné son propre «facilitateur», le père Gastòn Garatea. Mais le mouvement reste inébranlable: Conga no va!

A Lima et dans les grandes villes du Pérou, le 12 juillet, la journée nationale d’action et de manifestations convoquée par la CGTP (entre 10’000 à 15’000 manifestants à Lima) a mis au centre de ses préoccupations, à côté des revendications propres des salarié·e·s, la solidarité avec Cajamarca. La mobilisation populaire, acharnée et pacifique en faveur de l’eau contre le projet Conga, stimule la recomposition d’un mouvement des travailleurs profondément disloqué et désemparé [5].

Dans l’opinion publique, une sympathie commence à se manifester, mais la partie n’est pas encore gagnée auprès de l’opinion publique dans la capitale qui concentre une grande partie de la population péruvienne. La presse, dont la plus grande partie est aux ordres des bailleurs de fonds, les multinationales minières, les « experts» économiques, les ministres, les politiciens de toutes tendances du centre, de droite et d’extrême droite, bref tous les chiens de garde, se déchaînent contre les «Khmers verts» de Cajamarca, «manipulés par des politiciens extrémistes, infiltrés par le terrorisme».

L’entreprise Yanacocha continue son travail de corruption, des politiciens, des médias, des élus y compris dans la région de Cajamarca, leur promettant monts et merveilles, cherchant à monter les mineurs contre le mouvement.

Pendant ce temps, parti de la région de Cajamarca, le drapeau vert «le plus grand du monde», symbole de la défense de l’eau et de l’environnement, porté par les défenseurs de l’eau de Cajamarca, défile de ville en ville où organisations sociales et populaires organisent le relais et agrandissent le drapeau à chaque passage, tentant de sensibiliser et de gagner les consciences.

Les forces répressives toujours présentes en masse dans la région de Cajamarca retiennent, durant cet intervalle, les balles. La «commission de dialogue» voyage à Cajamarca où la population la reçoit et l’accompagne en manifestation, jusqu’au lieu des quatre lagunes, que l’exploitation de la multinationale s’apprête à détruire.

Le gouvernement, même s’il est contraint à la manœuvre, campe sur sa position: «Conga va!» Alors qu’à Cajamarca la population continue d’affirmer plus que jamais: «Conga no va!» Les travaux pour la mine auraient dû commencer depuis plus d’un mois puisque tel était l’ordre donné par le président avant les derniers développements du début juillet… Les «Rondas» paysannes continuent leur travail quotidien de protection des 4 lagunes. La grève continue. Un temps d’attente, lourd de menaces, d’incertitudes… Traditionnellement le 28 juillet, jour de la fête nationale, sont annoncés les remaniements gouvernementaux… Dans quel sens penchera la balance ce 28 juillet prochain?

Solidarité

Il est certain que le mouvement de Cajamarca a un besoin pressant d’articuler sa lutte à une solidarité organisée au niveau national, et international. Nous publions, ci-après, une lettre-document envoyée au président Humala par les assemblées régionales de Cajamarca. Elle date d’avril 2012. Elle montre la manière équilibrée, argumentée et ferme avec laquelle elle vise à convaincre, à persuader; la même orientation que le mouvement utilise en direction de l’ensemble de la population du Pérou. Bien sûr, le ton utilisé vis-à-vis du président Humala est, aujourd’hui, moins patient et la colère gagne. Mais la force de Cajamarca réside dans la force de ses arguments et de son organisation unitaire.

Solidarité internationale

Une campagne internationale, souvent partie de la communauté péruvienne en exil économique en Europe, s’est mise en place depuis le début des événements. Des comités de solidarité avec Cajamarca se sont constitués, incluant de façon diverse selon les pays des organisations, des associations et des syndicats.

Pressée par les événements et la violente répression, une coordination européenne est en train de se constituer. Elle organise une journée européenne de solidarité avec Cajamarca le 20 juillet avec des rassemblements devant les ambassades et les consulats. Il y en aura un à Zurich et 6 capitales européennes. [Voir, ci-dessous, l’appel de solidarité signé par diverses organisations à l’échelle européenne.]

Ce mouvement tend maintenant à s’étendre au niveau mondial. Dans le cadre de cette mobilisation, la centrale syndicale française Unité syndicale Solidaires qui accompagne depuis le début le Comité de solidarité avec Cajamarca de France, a tenu à mobiliser à l’échelle nationale et internationale un réseau de centrales syndicales afin que le mouvement syndical et le monde du travail intègrent cette lutte populaire et sociale.

Une solidarité: pour ce peuple de Cajamarca [6], perdu si loin dans les Andes du centre nord du Pérou, qui défie pacifiquement les transnationales pilleuses des richesses, destructrices des environnements, privant les populations du bien commun, l’eau; pour cette population déterminée qui défie les gouvernements au service de ces transnationales extractrices et exportatrices des précieux minerais, de ces gouvernements, y compris ceux qui se disent nationalistes comme celui du Pérou; alors qu’ils mettent à leur service, pour deux fois rien, toute la force de l’appareil d’Etat, de leur législation, de leur justice et de leurs forces armées.

Il faut faire connaître la cause du peuple de Cajamarca, l’intégrer à nos propres luttes et dresser partout le mur uni de la solidarité.

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[1] Newmont Mining Corporation est avant tout un groupe minier spécialisé dans l’extraction d’or (créé en 1921). Son siège est à Denver, Colorado, Etats-Unis. Cette société est cotée en Bourse depuis 1925. C’est la seule transnationale, basée au Etats-Unis, de ce secteur, qui est cotée sur le S&P 500. Elle emploie quelque 43’000 salarié·e·s dans le monde. Elle est présente aux Etats-Unis, en Australie, au Pérou, en Indonésie, au Ghana, au Canada, en Nouvelle-Zélande et au Mexique. Elle fait un effort de propagande important pour se donner un profil «de développement soutenable». Elle a «réussi» à être inscrite, depuis 2007, comme la seule société opérant dans l’extraction d’or, sur le Dow Jones Sustainability World Index. La population du Pérou ne semble pas en être informée!

[2] Il s’agit en particulier d’assécher 4 lagunes d’altitude (3500 mètres) qui ne sont que la partie la plus visible de tout cet ensemble environnemental, aux sources d’un bassin hydrique souterrain («cabecera de cuenca») qui alimente plusieurs vallées et plusieurs rivières, tout en entretenant des hectares de prairies humides. Ce projet affecterait directement 32 communautés sans compter les problèmes de pollution et de rationnement de l’eau approvisionnant les villes.

[3] La population résiste et cherche l’appui national et international à sa lutte. Elle est organisée autour de son «Comando unitario de lucha» regroupant les trois provinces touchées directement par ce projet, s’appuyant sur:
• des «rondas paysannes» (groupes d’auto-défense paysans, datant du milieu des années 1970), qui protègent jour et nuit les 4 lagunes menacées. Elles ont formé un système de contrôle citoyen dénommé «Gardiens des eaux»;
• les «fronts de défense», regroupant associations, syndicats, fédérations étudiantes et autres organisations sociales de la région;
• de nouvelles autorités municipales et régionales récemment élues qui respectent leur mandat (même si d’autres sont sensibles aux arguments «financiers» et promesses de l’entreprise et du gouvernement central).

[4] D’emblée cette mobilisation a acquis une dimension politique nationale au moment de la grève générale de novembre 2011: annulation de quatre voyages présidentiels à l’étranger, des scissions internes au sein du gouvernement, des démissions de ministres, une déclaration d’état d’urgence et un changement de gouvernement.

En effet la grève de la population de Cajamarca de novembre 2011 imposait le 29 novembre la suspension du projet Conga, et le 4 décembre, jour qui devait être celui de l’ouverture des négociations entre le gouvernement central et les délégués de la région de Cajamarca, l’état d’urgence était décrété pour 60 jours. Le premier ministre Salomon Lerner démissionnait et le président Ollanta Humala désignait à sa place Oscar Valdes, ex-militaire de droite dure, chef d’entreprise minière.

[5] Lors des sombres 20 années du terrorisme fou et criminel de «Sentier lumineux» et du contre-terrorisme sanglant et criminel de Fujimori, cette guerre a fait plus de 70’000 morts. Elle a semé la confusion et le désespoir. La violence de «Sentier lumineux» s’est exercée contre de nombreux leaders ouvriers et contre des populations paysannes entières contribuant à l’affaiblissement du mouvement ouvrier et populaire. Cette situation trouble a permis à l’Etat, à son gouvernement, à leurs groupes armés «clandestins» – au compte des intérêts de la bourgeoisie péruvienne et des leurs propres – de profiter de la situation pour imposer les plans néolibéraux régressifs et répressifs. Les coups portés ont été tels, la confusion qui a suivi si grande, qu’une partie des organisations se réclamant des intérêts des salariés et du peuple a rejoint la campagne d’Ollanta Humala, renonçant à présenter un candidat à la présidentielle. En quelques mois, le mouvement de Cajamarca a enlevé son masque à Ollanta, au nationaliste interclassiste, «ni de droite et ni de gauche» et à son pseudo-indigénisme.

[6] C’est sur la place de Cajamarca, là où se réunissent aujourd’hui les grandes manifestations, que, presque 500 ans auparavant, l’empereur inca Atahualpa fut assassiné, après avoir versé cependant à Pizarro la rançon d’or et d’argent pour prix de sa liberté.

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Cajamarca, le 25 avril 2012

A M. Ollanta Humala

Président de la République du Pérou
LIMA

Recevez nos salutations.

Nous les dirigeants du Comité Unitaire de lutte qui affirmons la non-viabilité du projet minier Conga, nous nous adressons à vous, mandatés par l’Assemblée régionale – composée de plus de 200 délégués des Fronts de défense, Rondes paysannes, syndicats, Fédérations étudiantes et autres organisations sociales de Cajamarca, assemblée qui s’est tenue le lundi 23 avril à l’école des post-gradués de l’Université Nationale de Cajamarca – pour vous exprimer publiquement ce qui suit:

Le noble et courageux peuple de Cajamarca, exerçant son droit constitutionnel de protestation citoyenne, s’est mis en résistance pacifique permanente pour la vie et la dignité jusqu’à l’obtention de la déclaration de non-viabilité du projet Conga. Nos glorieuses Rondes paysannes ont formé un système de contrôle citoyen dénommé «Gardiens des eaux» qui se déplacent pour surveiller de manière permanente nos lacs afin d’empêcher toute entreprise minière de les détruire. Pour cela, nous demandons aux Forces spéciales de la police nationale de se joindre à nous pour la réalisation de cette tâche et de ne pas réprimer, comme elles l’ont fait jusqu’ici, les membres des communautés qui cherchent à préserver l’eau: principale ressource sur laquelle reposent nos modes de vie.

Respectez vos promesses faites au peuple de Cajamarca. Ne permettez pas la poursuite de la destruction de la principale source de ressources hydriques de notre région par la progression incontrôlée des activités minières. Yanacocha a déjà détruit beaucoup de nos lagunes (San José, Yanacocha, Maqui Maqui, Totorococha Chica, Patos, Corazon, La Quiwila, Carachugo, Chaquicocha, entre autres) comme également plusieurs rivières et d’innombrables sources, ce qui a entraîné un climat permanent de conflits au cours de presque 20 ans avec cette entreprise minière. Nous manifestons notre ferme décision d’empêcher la répétition de nouvelle destruction de sources naturelles d’eau par un nouveau projet minier dans notre région.

Pour cette raison, nous disons: renoncez, Monsieur le Président, à vouloir imposer le projet minier Conga, en tentant de diviser nos organisations, nos autorités au moyen de la manipulation des dépenses publiques, de la criminalisation des protestations sociales, ou en utilisant les forces policières et militaires que votre gouvernement stationne dans notre région. Soyez le Président de tous les Péruviens et non le protecteur des intérêts des entreprises minières.

Vous êtes informé du fait que, depuis des années, la grande majorité de nos populations a manifesté ouvertement son rejet du projet minier Conga, ceci parce qu’on ne lui a pas demandé son accord préalable, libre et en toute connaissance de cause. Les consultations environnementales réalisées pour l’approbation de l’EIA [étude de l’impact sur l’environnement] de Conga ne constituent pas un mécanisme démocratique et transparent de consultation. De là découle l’actuelle illégitimité généralisée du projet minier et de son EIA, adopté par le gouvernement corrompu d’Alan Garcia [président entre 2006 et 2011] que vous avez autrefois dénoncé. Monsieur le Président, vous ne pouvez ni devez donner votre aval aujourd’hui à des actes irréguliers de l’administration corrompue antérieure comme s’il s’agissait de faits consommés qui ne doivent pas faire l’objet d’enquête ou de sanctions. Vous avez promis de former un gouvernement nationaliste qui ne se situe pas dans la continuité des politiques d’un gouvernement vendu et soumis au pouvoir comme aux pressions des entreprises transnationales.

Vous savez que depuis Cajamaca nous avons proposé de manière consensuelle et argumentée une proposition qui puisse constituer une référence pour que l’expertise puisse réellement aider à trouver une solution adéquate au conflit. La proposition a été remise officiellement au gouvernement Valdés et elle n’a cependant jamais été prise en compte. Et vous, Monsieur le Président, vous savez aussi que l’expertise actuelle n’a pas été réalisée pour examiner sérieusement la question de savoir si le projet minier Conga pouvait être viable ou non; cela parce que l’étude de référence commandée par l’entrepreneur minier Oscar Valdés, qui est maintenant votre Premier Ministre, ne l’a pas exigé. Il a seulement demandé de formuler des recommandations pour améliorer les mesures proposées par l’entreprise minière dans son Etude d’impact sur l’environnement contestée mais approuvée par l’administration du gouvernement corrompu d’Alan Garcia. Finalement, on a fini par réaliser une expertise qui a coûté près d’un quart de million [94’000 CHF] de nouveaux soles à tous les Péruviens et qui a seulement servi à proposer des ajustements qui permettent à Yanacocha de poursuivre son projet minier Conga. Cette décision n’était pas sérieuse, ni responsable. Elle ne correspondait aucunement à ce que les populations de Cajamarca avaient demandé à votre gouvernement.

Très souvent à Lima, beaucoup de médias disent qu’à Cajamarca il y a des personnes et des organisations sociales manipulées qui s’opposent à tout type d’investissements et d’activités minières. Ceci n’est pas vrai. Vous le savez bien puisque les médias, qui maintenant vous appuient, disaient de vous la même chose, de manière erronée, lorsque vous étiez encore candidat à la présidence. A Cajamarca, il y a un peuple digne organisé en Rondes paysannes, Fronts de défense, syndicats qui travaillent côte à côte avec leurs autorités locales et régionales qui ne se sont pas laissées soumettre aux intérêts des grandes entreprises minières travaillant depuis presque 20 ans dans notre région. Nous refusons d’être considérés de manière irrespectueuse et raciste comme des citoyens de deuxième catégorie. Vous le savez aussi parce que c’est ce que vous dénonciez quand vous étiez candidat et étiez reçu sur nos places. Mais, aujourd’hui, alors que vous êtes confortablement installé dans le Palais du gouvernement, vous semblez avoir tout oublié. Ce que nous exigeons, c’est la priorité aux investissements dans les activités économiques, comme l’élevage, l’agriculture, le tourisme, la reforestation, la pisciculture, le marché des produits bio, l’industrie laitière, l’artisanat et non la priorité à l’exploitation minière, comme c’est le cas depuis le gouvernement corrompu et génocidaire d’Alberto Fujimori [président entre 1990 et 2000] et de Montesinos [ex-responsable des services dits «d’intelligence» sous Fujimori].

Nous vous demandons, Ollanta Humala, d’être le président de la démocratisation du pays et non celui de la continuité marginalisante du centralisme et de la déprédation de nos ressources. Comme dirait votre épouse, nous vous demandons de «marcher droit», en accord avec vos promesses, et non pas soumis aux diktats de la droite imbécile de notre pays qui a perdu les élections, mais qui veut vous dicter les politiques du gouvernement qui vous éloignent de votre peuple.

S’il est vrai que dans notre région il y a de graves problèmes dans les dépenses publiques, comme dans la plupart des régions du Pérou, nous demandons que votre gouvernement développe le processus de régionalisation et de décentralisation. Cela afin de renforcer les compétences de gestion des gouvernements régionaux et locaux et pour que, comme cela s’est produit avec succès à Cajamarca, ils puissent planifier leurs territoires en fonction des zones écologiques et économiques délimitant les possibilités d’activités économiques, de sorte que l’exploitation minière soit faite de manière planifiée et réglementée et non pas de la façon chaotique actuelle.

Vous savez que Cajamarca a suffisamment payé – par la destruction de ses bassins de source hydrique depuis presque 20 ans –, les coûts de ce modèle de croissance économique largement vanté et qui, pourtant, n’a pas abouti, à Cajamarca, à une amélioration substantielle des services de santé, d’éducation, de logement et d’infrastructure routière. Et la responsabilité en incombe autant au gouvernement central qu’aux gouvernements régionaux successifs. Cette histoire peut être différente et en aucune manière ne doit être entachée de sang comme cela s’est produit avec l’assassinat des paysans dans les conflits miniers de ces dernières années, avec les effets sur la santé des populations de San Juan y Choropampa. Ou encore avec l’agression des «ronderos» blessés par balles et désormais handicapés pour avoir défendu les lagunes de Conga. M. le Président, créez de nouvelles politiques d’Etat permettant que l’exploitation minière soit au service du développement du pays et non le pays entier au service des intérêts mesquins des puissantes entreprises minières. Pour cela il ne suffit pas de simples déclarations lyriques, mais de changements dans les politiques de l’Etat et dans les règles légales encadrant l’exploitation minière et les investissements privés.

7° M. le Président, vous connaissez la tradition de nos Rondes paysannes, de leurs luttes pour défendre la démocratie, pour avoir combattu et vaincu le terrorisme subversif qui a voulu s’installer dans notre région. Vous savez que nous ne sommes pas violents, vous savez également que nous défendrons de toutes nos forces nos droits, que nous ne négocierons jamais notre droit à l’eau, à la terre, à un environnement sain, à notre santé. Nous le ferons pour notre bien-être et surtout pour celui des générations futures de Cajamarca.

Pour cela nous voulons ouvrir le dialogue avec vous, sur le thème du développement de Cajamarca, afin de promouvoir l’investissement dans les activités économiques alternatives et différentes du secteur minier, la création d’emplois dans l’agriculture, l’élevage et le tourisme, la réalisation d’études d’impact sur l’environnement des activités minières de Yanacocha et Gold Fields. Travaillons ensemble à un plan de régularisation, ou de suppression selon le cas, des exploitations minières illégales dans la province de Cajabamba. Concevons ensemble le plan d’assainissement immédiat des passifs des exploitations minières dans la province de Hualgayoc. Dans le temps qui reste de votre mandat présidentiel, établissons des objectifs concrets pour améliorer le système éducatif, lutter contre la malnutrition des enfants, la violence faite aux femmes, l’insécurité, le trafic de drogue. Améliorons également les services de santé, les infrastructures des transports, développons une industrie laitière florissante, l’élevage, les produits dérivés du cacao et le café biologique. Investissons dans la science et la technologie pour accroître notre biodiversité, avec des règles pour mieux utiliser les fonds de redevances minières que possède notre Université Nationale de Cajamarca. Travaillons pour renforcer les communautés et les zones d’investissements économiques, le plan informatique de notre région, soutenons avec force nos municipalités pour qu’elles achèvent les travaux d’assainissement de base dans toutes les villes, mettons en valeur notre patrimoine archéologique et culturel régional, dans le cadre du plan touristique macrorégional nord-est. Développons l’industrie liée aux productions agricoles locales en nous appuyant sur la grande biodiversité et sur notre jeunesse.

Mais, ce que nous ne pouvons pas faire, c’est condamner Cajamarca à suivre la même voie que celle des autres régions minières du Pérou, caractérisées par une croissance économique éphémère qui laissera ensuite une trace indélébile de pauvreté et de pollution de l’environnement. Pour cela, améliorons l’industrie minière pratiquée depuis 20 ans, mais nous ne laisserons pas Yanacocha poursuivre les mêmes pratiques, ni au Quilish, ni dans les Lagunes du Haut Pérou, ni à Conga, ni dans n’importe quel bassin de source hydrique.

Vous le savez et décidez dès maintenant: constituez un nouveau cabinet ministériel; chargez-le de trouver les mesures nécessaires pour déclarer Conga non viable et soyez vigilant à ce qu’ils n’utilisent pas l’Etat au profit de leurs propres intérêts.

M. le Président Ollanta Humala, vous avez été informé qu’au mois de février dernier des milliers de citoyens de Cajamarca et de Péruviens en général ont entrepris la Grande Marche nationale de l’eau. Et même si, après neuf jours de marche, nous avons été empêchés d’atteindre le Palais du Gouvernement et le Congrès de la République, afin de demander de déclarer constitutionnellement l’eau comme un droit humain, d’interdire également l’exploitation minière dans les bassins supérieurs des rivières et l’utilisation du cyanure et du mercure. Nous réitérons notre souhait pour que le conflit Conga soit résolu dès que possible et pacifiquement: en procédant au retrait du matériel de Yanacocha de la zone des lagunes; en démilitarisant la région; en cessant la persécution judiciaire et le harcèlement de nos dirigeants et des autorités honnêtes; en prenant en charge les soins médicaux de nos compatriotes blessés par la police l’an dernier, alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour défendre leur droit à l’eau.

Nous voulons être écoutés et entendus; nous voulons vivre dans un climat de paix, fruit du respect et de la justice dus au peuple. Au nom du serment que vous avez fait de servir à la patrie, ne nous forcez pas, M. le Président, ainsi que l’entreprise minière, à vivre dans le climat d’agitation et de tension sociale dans lequel nous vivons depuis le mois de novembre 2011 et qui dure depuis 6 mois. N’oubliez jamais qu’historiquement l’abus du pouvoir peut conduire à l’impatience et au désespoir des populations, à un scénario où nous serons tous perdants. Pour cela, nous vous demandons M. le Président d’agir avec sagesse et justice, en faisant prévaloir les intérêts de nos populations sur ceux des puissants qui, aujourd’hui, de façon circonstancielle et temporaire, vous entourent et vous flattent.

Pour terminer, nous vous communiquons que, dans l’exercice de nos droits constitutionnels, une journée de mobilisation pacifique est prévue le 31 mai prochain dans toute la région de Cajamarca. Elle se prolongera aussi longtemps que nous ne serons pas entendus avec nos justes revendications.

Nous vous quittons en vous rappelant que dans cette belle terre, cette fois-ci les fils des Caxas, d’Atahualpa et de tout le métissage ultérieur ne permettront pas qu’un chapitre de l’ignominieuse histoire de l’or de Cajamarca se répète. Cela car nous avons pris conscience de la destinée de notre histoire; car nous sommes propriétaires de notre avenir; car nous connaissons le pouvoir, la vérité et la justice de ce que nous défendons et nous n’accepterons pas qu’on veuille à nouveau nous asservir. Conga n’est pas viable.

[Signataires:]

Commandement Unitaire de Lutte de la région de Cajamarca; Fédération Régionale des Rondes Paysannes; Fédération Provinciale des Rondes Paysannes de Cajamarca; Plateforme Interinstitutionnelle Celendina (PIC); Front de Défense des Intérêts et de l’Environnement de Hualgayoc-Bambamarca; Front de Défense Environnemental de Cajamarca; Front de Défense des Intérêts de la Région de Cajamarca; Centrale Unique Nationale des Rondes Paysannes du Pérou (CUNARC); Centrale Générale des Travailleurs du Pérou (CGTP) Cajamarca; Centrale Unitaire de Travailleurs (CUT) Cajamarca; FEMUCARINAP [Fédération nationale des femmes paysannes, artisanes, indigènes, natives et salariées du Pérou]; Fédération d’Etudiants Universitaires de Cajamarca (FUC); Fédération des Etudiants d’Education Secondaire de Cajamarca (FESCA); Association Commerçants Unitaires de Cajamarca; Marché San Antonio Cajamarca; Marché San Sebastian; Marché Inca Plaza; Base des Rondes Urbaines Commerçants Unis; Syndicat Unitaire des Travailleurs de l’Education Cajamarca (SUTEC); Réseau Vert Cajamarca; Equipes Docentes de Cajamarca; Paroisse Universitaire Santo Tomas de Aquino

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Appel de solidarité

Après un an de gouvernement d’Ollanta Humala, nous exigeons la fin de la violence à Cajamarca

Les organisations signataires exprimons notre profonde tristesse et totale solidarité avec les familles des personnes décédées dans les affrontements avec la police et l’armée parce qu’ils défendaient l’Eau et la Vie: Eleuterio García Rojas, César Medina Aguilar, José Faustino Silva Sánchez, Joselito Vásquez Jambo et José Antonio Sánchez Huamán. A ce sujet, nous exigeons que la vérité soit faite et que les responsables policiers, militaires ou civils soient sanctionnés.

Nous rejetons de façon énergique la brutale agression de la part de la police nationale [du Pérou] dont a été victime Marco Arana, dirigeant environnementaliste reconnu au plan national et international pour son engagement avec les communautés paysannes affectées par les activités minières. Nous dénonçons aussi la persécution dont sont victimes de nombreux dirigeants sociaux de la part de l’Etat péruvien et exigeons la fin de la criminalisation de la protestation sociale.

Nous demandons la fin de l’état d’urgence que le gouvernement a décrété dans les provinces de Celendín, Hualgayoc et Cajamarca. Ce genre de mesures ne favorisent absolument pas le dialogue avec la population, bien au contraire, elles alimentent la méfiance parmi la population et créent des conditions favorables à la réalisation d’abus de la part des autorités comme on a pu le constater récemment.

Nous soutenons les communautés paysannes et le peuple de Cajamarca en général dans leur lutte contre le mégaprojet minier Conga de l’entreprise nord-américaine Newmont Mining Corporation-Minera Yanacocha, lutte que nous considérons légitime et fondée. Comme il est de notoriété publique ce mégaprojet détruira quatre lacs et mettra en danger l’équilibre écologique fragile de la région, équilibre indispensable pour la conservation de la vie et pour le développement des communautés affectées et de la population de Cajamarca.

Nous dénonçons le fait que ce mégaprojet ne respecte ni le droit à une consultation préalable, libre et informée, ni le droit des communautés et des Rondes paysannes à décider de leurs propres formes de développement. Ces communautés ont manifesté d’une manière répétée leur volonté d’opter principalement pour les activités agricoles et d’élevage, mieux en accord avec leurs principes d’organisation sociale et économique.

Finalement, après une année de gouvernement, nous constatons que les promesses électorales d’Ollanta Humala en ce qui concerne une nouvelle relation avec les communautés et les industries extractives n’ont pas été accomplies. Au contraire le gouvernement a choisi une alliance avec la Société Nationale des Mines, du Pétrole et de l’Energie, avec la Police et l’Armée nationale pour approfondir le modèle néolibéral, extractiviste et primo-exportateur, détériorant les conditions de vie des majorités populaires exclues et contaminées.

Solidarité avec Cajamarca!
Non à la répression!
Non au projet minier Conga!
Europe, juillet 2012

Signataires:  Asociacion de Refugiados de Latinoamerica y del Caribe (Arlac), Comité Académico Técnico de Asesoramiento a Problemas Ambientales (Catapa), Comite de Solidaridad con el Pueblos Mapuche (Comabe), Asociación El Andino, Intal, Comité de Solidarité avec Cajamarca-France, France Amérique latine (FAL), Casa de Santa Fé, CALPA, Tierra y Libertad-Francia, Colectivo de Peruanos en Francia, Sindicatos, Cajamarca Solidarity-Inglaterra, Multiwatch-Suiza, Plataforma en Defensa de la Madre Tierra y los Derechos Humanos-España, Gesellschaft für bedrohte Völker Schweiz (GfbV)-Suiza, BFS/MPS, Suiza; Infostelle Perú (ISP)-Alemania.

Première organisations appuyant le rassemblement du 20 juillet à Paris: FRANCE-LIBERTES (Fondation Danièle Mitterand), MRAP, FAL (France Amérique Latine), CALPA, Força e Coragem, Union Syndicale SOLIDAIRES, Emancipation (tendance intersyndicale), EELV, PCF, NPA, PG, Comité de Solidarité avec Cajamarca (France), Tierra y Libertad, Colectivo de Peruanos en Francia

3 Commentaires

  1. Bonjour.
    Je représente  » Força e Coragem ». Nous étions à Paris, à l’ambassade pour soutenir nos amis de Cajamarca.
    Il est indispensable que la répression cesse immédiatement; il est honteux de voir que 5 morts et plusieurs blessés sont à déplorer!
    Ce projet Conga ne respecte rien ni personne;
    La population n’a pas été consultée. L’agriculture et l’élevage vont en pâtir;
    L’eau est un droit pour tous et personne ne devrait avoir à mourir pour y avoir accès
    Nous représentons un mouvement de soutien aux peuples d’Amazonie et partout, nous constatons le même genre de graves problèmes!
    Les indusies minières, pétrolières, les constructeurs debarrages hydroélectriques et autres qui s’ octroient des terres avec l accord tacite des gouvernements et qui balaient les populations et leurs droits.
    INACCEPTABLE !!
    Nous sommes solidaires et nous soutenons Cajamarca!
    CONGA NON !!
    Caroline Auboiron de Força e Coragem

  2. Depuis 500 les peuples des Andes enrichissent le monde en s’apauvrissant, des dirigeants politiques au mieux à courte vue, au pire totalement corrompus contibuent à ce pillage systématique des ressources naturelles.

    Pour les actionnaires de Newmont, à 1600$ l’once, ce sont des profits assurés, pour les habitants de Cajamarca, seuls restera le cyanure, le mercure et des sols rendus infertiles.

    La compagnie à l’origine du problème est la Newmont dont le siège est dans la banlieue de Denver Colorado

    Newmont Mining Corporation
    6363 South Fiddler’s Green Circle
    GREENWOOD VILLAGE, CO 80111
    UNITED STATES
    Phone: (303) 863-7414
    Fax: (303) 837-5837

    Pour les conséquences de l’activité minière voir les videos

    LA MINA DE ORO CONSECUENCIAS
    http://www.youtube.com/watch?v=AcsZjGGYl1I&feature=endscreen&NR=1

    LA MINERIA – engaño social y devastación ecológica
    http://www.youtube.com/watch?v=JE3MmREY3R0&feature=endscreen&NR=1

  3. Nous publions ci-dessous le communiqué du Comité de solidarité de France avec Cajamarca:

    Paris 20 Juillet 2012: Journée internationale de solidarité avec Cajamarca!
    Non à la répression! Conga no va !

    Le Comité de solidarité avec Cajamarca (France) a coordonné, avec des comités et organisations solidaires en Europe, l’appel international européen de solidarité avec Cajamarca. Nous avons ainsi décidé ensemble de faire du 20 juillet 2012 une journée européenne en appui à Cajamarca. Les organisations des villes de Bruxelles, Berlin, Madrid, Londres, Zurich ont rédigé cet appel qui a été distribué le plus largement possible et ont convoqué des rassemblements devant les ambassades et consulats du Pérou en Europe, constituant un réseau européen solidaire en construction. Très vite cet appel a favorisé les initiatives de même type dans d’autres parties du monde, qui nous en ont avertis, particulièrement aux Etats-Unis et en Amérique latine.

    En France, nous avons appelé à signature et de nombreuses organisations ont répondu présent. Différentes organisations ont publié des appels, soit sur la base du communiqué du 12 juillet ou du communiqué européen international, notamment l’initiative de différents syndicats avec ralliement international sur le continent américain, africain et européen, avec en France l’appel commun de la CGT, l’Union Syndicale Solidaires et la FSU.

    Ce vendredi 20 juillet, environ soixante-dix personnes se sont rassemblées en face de l’ambassade péruvienne à Paris, répondant à l’appel du comité. Tout au long du rassemblement, des citoyens et habitants du quartier, se sont joints aux personnes rassemblées. Le comité a déployé ses banderoles et le drapeau péruvien. La manifestation a été pacifique et sans incidents. Après avoir demandé une minute de silence pour les cinq victimes de la violence armée du gouvernement Ollanta Humala et exigé la punition des responsables de ces assassinats, le coordinateur du Comité de solidarité de France a rappelé les différents moments de la juste et légitime lutte du peuple de Cajamarca, ainsi que la construction de la solidarité nationale et internationale en faveur de Cajamarca. Une délégation a été reçue par deux «chargés de l’ambassade». La délégation composée de Marco Rodriguez Arce et Raquel Neyra pour le Comité et de Renée Le Mignot pour le MRAP ont remis le communiqué international européen et le faire-part mortuaire avec les noms des cinq personnes assassinées par les forces de police en juillet à Celendin et Bambamarca (Cajamarca) ainsi que des lettres d’élèves d’espagnol du Lycée de Rouen, s’adressant de façon spontanée au président Humala pour exprimer leurs préocupations, lettres qui avaient été auparavant lues à la TV régionale de Haute Normandie.

    Le charango d’un artiste péruvien a animé la manifestation. Le Comité remercie les signataires du communiqué international, ainsi que les organisations qui ont donné leur appui au rassemblement du 20 juillet. Il remercie vivement leurs représentants qui étaient présents avec nous ce jour-là et qui ont pris la parole pour manifester leur soutien et leurs motivations, à savoir:
    France Amérique Latine (FAL), MRAP, Union syndicale Solidaires, Coordination des «Indignés» de France, les partis politiques français: EELV, PCF, PG, NPA. Des amis latino-américains ont pu aussi exprimer leur soutien puisqu’ils vivent les mêmes problèmes dans leurs pays. Les représentants du Comité d’appui aux luttes du peuple argentin CALPA, le comité d’appui aux Indiens de l’Amazone «Force e Coragem», «Terre et Libertés pour Arauco» des Mapuches du Chili, Fédération européenne équatorienne des Associations (FEEA), Association Action pour les enfants des Andes (AEA) et enfin plusieurs citoyens et citoyennes péruviens et franco-péruviens qui ont témoigné des nouvelles reçues quotidiennement de leur famille au Pérou, ainsi que le représentant à Paris du Comando unitario de lucha (CUL) de Cajamarca.

    Le comité a appelé en conclusion, et appelle, à la plus grande vigilance de tous(tes) les amis(es) et organisations qui soutiennent la lutte du peuple de Cajamarca. Il va s’efforcer de renforcer les efforts solidaires coordonnés au niveau européen et mondial et poursuivra, comme cela a été rappelé par plusieurs intervenants, l’application des décisions et initiatives annoncées lors de la conférence de presse du 12 juillet à la Bourse du Travail de Paris.

    La presse, dont l’ UCV Satelit a été présente en réalisant une interview à Marco Rodriguez Arce sur la raison de la Manifestation. Les premières nouvelles de Madrid, Berlin et Bruxelles sont arrivées dans la soirée, et les rassemblements ont été un succès, permettant aux citoyens de ces pays et aux Péruviens y habitant, de se réunir devant les ambassades respectives avec des caractéristiques similaires. Un communiqué résumant la situation dans les pays européens sera rédigé bientôt, en attendant les nouvelles des autres villes qui avaient signé le communiqué international européen.

    Le comité informe de la création de sa page facebook Solidarité Cajamarca: devenez amis et diffusez!

    http://www.facebook.com/solidarite.cajamarca?sk=wall

    Les photos de la manifestation d’hier y sont déjà et figureront sur le blog avec des vidéos.

    Raquel Neyra a été interviewée par Radio Paris (Plurielle 106,3 FM) ce matin présentant un résumé de la journée du 20.

    Le site de référence suisse alencontre.org publie aujourd’hui une information détaillée sur la situation, accompagnée de documents du «Comando unitario de lucha» de Cajamarca.

    Pour plus d’informations: visitez notre site http://solidaritecajamarca.blogspot.ch/

    Pour nous écrire: solidaritecajamarcafrancia@gmail.com

    Paris le 21 juillet – Le Comité de solidarité avec Cajamarca (France)

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