Algérie. Béjaïa: «Faire un saut dans les formes de protestation»

Fermeture de route à Béjaïa, ici en 2011.
Fermeture de route à Béjaïa, ici en 2011.

Communiqué du Parti socialiste des travailleurs

Les mouvements de protestation de la population de Béjaïa et des travailleurs de certaines entreprises publiques menacées de liquidation – ETR: construction et route [1], etc. – ont conduit au blocage de tous les accès menant vers le chef-lieu de la wilaya, durant une semaine entière.

Les revendications ont porté sur les besoins sociaux élémentaires: eau, gaz, électricité, trottoirs, régularisation de papiers, le départ du directeur de l’ETR chargé de liquider cette unité…

Le Parti socialiste des travailleurs (PST, section de Béjaïa), considère que cette situation est avant tout le résultat du retard dans le développement de notre wilaya et de la politique nationale, capitaliste libérale, qui détruit les emplois et s’attaque aux travailleurs.

Les problèmes soulevés par ces populations ne trouvent aucun écho auprès des autorités locales, en premier lieu M. le Wali qui préfère jouer de la division de la population.

Pire encore, même les élus du peuple, l’APW (Assemblée populaire de la wilaya):

•  au lieu de s’investir dans la résolution des problèmes de la population à laquelle ils ont promis monts et merveilles durant la campagne électorale,

• au lieu d’agir pour la soulager du fardeau de sa misère, ils viennent à la rescousse du Pouvoir en organisant une session spéciale «fermeture des routes» pour criminaliser ces protestations populaires.

Certes, le mode d’action [2] utilisé par la population provoque une nuisance importante pour beaucoup de secteurs de la société. Mais c’est le Pouvoir qui a vidé de leur sens les autres canaux d’expression et qui impose une politique de paupérisation alors que l’argent public est utilisé pour renflouer le FMI et nourrir la prédation locale.

carte_algerie_frS’inspirant de la lutte consciente et organisée menée durant de longs mois par la population de Barbacha [commune située au sud de la wilaya de Béjaïa en Kabylie], celles des autres populations doivent gagner en maturité.

Elles doivent faire un saut dans leur forme de protestation. Au lieu de fermer les routes, les protestataires gagneraient à cibler le siège où se prennent les décisions.

Le PST est solidaire du combat de la population pour une vie meilleure et de la lutte des travailleurs de l’ETR. Face au silence des autorités, le PST (section de Béjaïa) qui fait siennes les revendications des masses appelle à la convergence des luttes, à leur auto-organisation pour imposer un programme social de développement qui réponde aux revendications légitimes des masses populaires et des travailleurs. (31 janvier 2014)

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[1] «Le collectif des travailleurs de l’ETR grévistes de Béjaïa» publiait, déjà en février 2013, le communiqué ci-dessous: «Depuis plus de dix mois que nous travailleurs d’ETR de Béjaïa sommes en grève en signe de protestation pour les revendications des droits élémentaires, en l’occurrence le droit à la dignité humaine qui est bafouée par le PDG de l’entreprise depuis des années. L’union de wilaya de Béjaïa UGTA et l’union locale et la fédération du bâtiment n’ont ménagé aucun effort pour ouvrir une perspective d’avenir à l’entreprise.
Le 24 décembre 2012 une réunion s’est tenue au siège de wilaya de Béjaïa en présence des instances de I’UGTA [Union générale des travailleurs algériens], la fédération SGP SINTRA, les délégués du personnel afin de débattre la sortie de la crise qui perdure depuis des mois. Après un long débat, le consensus a été dégagé pour le dénouement de la situation, la tutelle s’est engagée à satisfaire les revendications, à savoir le payement des salaires (avec un planning de récupération), le dégagement de la commission d’enquête et le retrait des plaintes judiciaires. Une assemblée générale s’est tenue pour examiner la proposition de la tutelle. Une plateforme explicative est annexée sur les propositions de la tutelle qui s’étale sur 13 revendications, 11 ont été retenues par le collectif.
A ce jour aucune réponse ne s’est matérialisée afin de concrétiser l’accord verbal consensuel entre les deux parties. A cet effet, si l’irréparable ne s’est pas produit, c’est grâce au courage et à la résistance des travailleurs soucieux de préserver leur entreprise.
Nous travailleurs de l’ETR de Béjaïa, lançons un appel aux pouvoirs publics (ministère des Travaux publics, SGP SINTRA) de prendre des mesures hardies afin de sauver une des meilleures entreprises publiques des travaux routiers dont les réalisations à l’échelle de wilaya et nationales sont irréprochables sur tous les plans.
Ce processus de pourrissement dont l’objectif est inavoué et le silence des autorités de wilaya sont inquiétants parce que le conflit qui perdure trouve son prolongement dans la dislocation de l’entreprise publique au profit des spoliateurs des richesses de la collectivité nationale.» (Rédaction A l’Encontre)

[2] Fermeture des deux principales voies de la communication de la wilaya, à savoir les routes nationales n° 9 et n° 12. La première, qui relie Béjaïa à Sétif. La seconde relie Béjaïa à Tizi Ouzou via la ville d’El-Keur. A ces actions se sont ajoutées des marches et une grève dans le secteur de l’éducation. (Rédaction A l’Encontre)

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