Algérie. 33e vendredi, la pression s’accentue

Par Majid Makhedi

Le mouvement populaire reste toujours mobilisé et déterminé à faire aboutir ses revendications. Pour la 33e semaine consécutive, des milliers de personnes ont battu le pavé à Alger et dans de nombreuses villes du pays pour exprimer leur rejet du rendez-vous électoral, programmé par le pouvoir en place pour le 12 décembre prochain.

La capitale Alger a été envahie, durant la journée d’hier, par une marée humaine, convaincue que la joute électorale, dont le processus est lancé, «ne vise qu’à contourner les exigences du hirak» qui veut «l’application réelle des articles 7 et 8 de la Constitution qui portent sur la restitution du pouvoir au peuple».

Alors que le processus électoral est déjà lancé et le pouvoir ne jure que par la tenue de cette échéance à la date fixée, les manifestants ne perdent pas espoir de la faire échouer. «Bye, bye Gaïd Salah, hada el 3am makenche le vote» (Cette année, il n’y aura pas de vote), scandent les manifestants sortis massivement, hier vendredi, dans les différentes rues et boulevards d’Alger.

Dans la capitale, il y eut, en fait, plusieurs marches qui ont toutes convergé vers la place Audin et la Grande-Poste. En dépit d’une forte présence policière qui a tenté de dissuader les manifestant·e·s, la mobilisation était au rendez-vous.

Coïncidant avec l’anniversaire des événements du 5 Octobre 1988, qui avait conduit à la naissance du pluralisme politique, le 33e vendredi du hirak a été une occasion pour les manifestants de réaffirmer leur engagement à parachever ce combat interrompu il y a 30 ans.

La première procession des manifestants, très compacte, faut-il le souligner, a démarré de la place du 1er Mai en direction de la Grande-Poste.

Peu avant 14h, des milliers de manifestants, arborant comme toujours des emblèmes, des banderoles et des pancartes, se sont lancés sur la rue Hassiba Ben Bouali en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place, à la présidentielle programmée et au chef d’état-major de l’armée.

«57 ans de pouvoir militaire, le peuple en a marre!», «Daoula madania, machi 3ascaria !» (Pour un Etat civil et non militaire) et «Hada echaab la yourid houkm el 3asker men djadid» (Ce peuple ne veut pas d’un pouvoir politique), lancent les manifestants.

Harcèlement et interpellations

La procession des manifestants prenait de l’ampleur à mesure que la marche avançait en direction d’Alger. En effet, alors que les premiers marcheurs arrivaient à proximité du tunnel de la place Mauritania, les derniers venaient juste de démarrer de la place du Champ des manœuvres.

L’autre marche, de la même ampleur, a démarré de la place des Martyrs. Elle était composée des habitants de la région ouest d’Alger, dont notamment ceux des quartiers de Bab El Oued et de La Casbah.

Ils reprenaient aussi les mêmes slogans et rappelant aussi les combats menés par les victimes des événements d’Octobre 1988. «5 Octobre chouhada !» (Martyrs), lancent-ils encore. Ces foules de protestataires ont toutes rejoint celle qui était déjà en place au niveau de la place Audin et la Grande-Poste.

Pendant plusieurs heures, Alger a vibré au rythme des chants revendicatifs des hirakiens, qui réclament aussi la libération des détenus politiques et d’opinion, injustement incarcérés. Contrairement à la semaine précédente, les agents de la police, déployés en masse pour quadriller notamment Alger-Centre, ont procédé à des interpellations massives des manifestants.

Ils ont ciblé, particulièrement, les premiers protestataires. Plusieurs dizaines de jeunes ont été conduits aux commissariats, dont des fidèles venus effectuer la prière du vendredi à la mosquée Errahma. Même le journaliste Bouzid Ichaalalen a été embarqué, avant d’être relâché quelques minutes après.

Mais ces interpellations et ce harcèlement n’ont pas dissuadé les manifestants qui se montrent toujours déterminés à poursuivre le combat pour l’édification de la nouvelle Algérie. (Article publié dans El Watan en date du 5 octobre 2019)

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